Le docteur Terry Phillips (Josh Lawson), psychiatre, arrive à son cabinet pour son rendez-vous de 11h. Il constate que sa secrétaire est remplacée par une intérimaire. De son cabinet, il l’interroge par téléphone (elle est dans la pièce à côté). Son rendez-vous est assez particulier : un homme qui se prend pour un psychiatre. Celui se présente comme le docteur Nathan Klein (Damon Herriman). Le face à face s’engage, vite difficile pour le docteur Phillips confronté à un cas sévère. L’autre n’en démord pas, c’est lui le psychiatre et c’est lui qui reçoit ici pour son rendez-vous de 11h. Avec beaucoup d’aplomb, il se comporte comme s’il dirigeait la manœuvre, usant avec beaucoup d’intelligence et d’à-propos du vocabulaire du spécialiste et d’un savoir-faire en tant que praticien. C’est de plus en plus agaçant et même énervant pour le docteur Phillips. Dans le même temps, c’est de plus en plus amusant pour le spectateur, car le scénario (signé Josh Lawson qui n’en est pas à ses débuts) est d’une grande intelligence et le duo d’acteurs un vrai régal bien mis en valeur par la mise en scène de Derin Seale. L’ensemble permet d’exploiter au mieux une situation très « border line » pour le plus grand plaisir du spectateur. Autant dire que tout cela est mieux qu’amusant, tout simplement hilarant. On rit de l’enchainement des répliques qui n’ont rien à envier au fameux style de la screwball comedy, ainsi que de comique de situation, de bons mots, de quiproquos (l’absence de la secrétaire à un moment stratégique) et de la caricature du milieu psychiatrique. Bref, en 13 minutes, ce film emporte l’adhésion du spectateur qui voit son attention soutenue du début à la fin. Le réalisateur va jusqu’à maintenir un très beau suspense, en revenant dans le cabinet à la fin, sa caméra pivotant pour chercher le fauteuil du psychiatre. Finalement, qui sera assis dedans ? En effet, si le docteur Phillips est arrivé le premier, avec un look et un comportement tel qu’on peut attendre d’un psychiatre, les différentes péripéties ont jeté suffisamment le doute pour qu’on puisse imaginer qu’en réalité le psychiatre soit le « docteur Nathan Klein ».
Sorti en 2016 et récompensé dans son pays (AACTA 2017 du Meilleur Court Métrage de Fiction) puis dans de nombreux festivals, ce film présenté aux Nuits en Or 2018 du court métrage est une belle réussite.