Thé et Sympathie par Biniou
Par quoi commencer ? Peut être pas dire que c’est une œuvre sublime, l’un des sommets de la carrière de Minnelli, ce qui n’est pas rien.
Un collège de garçon aux Etats-Unis. Parce qu'il préfère la compagnie et la conversation des femmes aux jeux sportifs de ses condisciples, parce qu'on l'a vu coudre sur la plage, parce qu'il aime la musique classique, Tom est la risée de ses camarades. La femme de l’un de ses professeurs semble être la seule à le comprendre...
Le pitch est alléchant mais aussi difficile d’approche, il faut tout le talent de Minnelli pour réussir à traiter les différents thèmes que vont brasser son film de manière frontale avec une subtilité, une pertinence qui tient du génie. Génie du scénariste d’abord, qui reprenant sa propre pièce ne fait aucune concession sur les sujets tabous abordés dans le film (qui sera interdit en Grande-Bretagne), l’homosexualité et l’homophobie explicite, les bizutages plus que musclés passés sous silence par des profs complices, l’histoire entre un étudiant et la femme d’un professeur et il y a le génie de la mise en scène. Celle de Minnelli qui comme à son habitude fait parler comme personne les couleurs chatoyantes du technicolor, donnant aux deux personnages principaux un thème de couleurs comme on le ferait habituellement avec la musique. Il exploite aussi magnifiquement le cinémascope en créant parfois deux mondes en un seul plan, ces deux mondes sont ceux des hommes et des femmes. Laura (Deborah Kerr), épouse d’un prof qui a du mal à rester à sa place, rapidement on sent son désir de vouloir s’imposé, d’être autre chose qu’une simple spectatrice et de ne pas seulement apporter aux étudiant qui vivent sous son toit du thé et de la sympathie comme la règle le voudrait.
On n’a donc à faire à deux personnages qui brisent les règles et Minnelli les fait interagirent, comme si leur solitude réciproques les poussaient l’un vers l’autre…
Il y aurait mille autre chose à dire sur ce chef d’œuvre qui en plus d’être d’une beauté affolante est bouleversant, tout autant que Tout ce que le ciel permet sortie l’année précédente avec lequel il a plusieurs similitudes.