Après la bombe Bangkok Dangerous, les Frères Pang s'attaquent au fantastique en s'inspirant d'un article de journal où une aveugle ayant retrouvé la vue s'est suicidée peu de temps après. Sur ce canevas en somme tout à fait original, les deux frangins hong-kongais vont pondre un film fantastique surfant naturellement sur la mode de l'époque, les Ring, Ju-on et compagnie avec, il faut l'avouer, une certaine efficacité.
Nous suivons donc Mun, une violoniste non-voyante qui retrouve peu à peu la vue grâce à une miraculeuse transplantation de la cornée. Et alors que sa nouvelle vie commence, elle se met à avoir des visions étranges, des figures fantomatiques apparaissant de plus en plus, rendant la jeune femme paranoïaque et désemparée. Le postulat reste encore aujourd'hui dingue, les réalisateurs-scénaristes proposant un sujet glaçant où tout n'est que questionnement pour Mun : comment reconnaitre le vrai du faux lorsqu'on ouvre les yeux pour la première fois ? Comment discerner le réel de l'irréel ? Que croire ?
Autour d'une mise en scène travaillée jouant allègrement sur le flou artistique et la profondeur de champ, The Eye bénéficie également d'une interprétation solide, d'un budget conséquent et de séquences horrifiques rares mais intenses. Dommage pour quelques lenteurs malvenues et un final explosif un brin ringard mais dans l'ensemble, le long-métrage est une réussite, se hissant parmi les meilleurs films fantastiques asiatiques de par son originalité et la maîtrise de ses réalisateurs à proposer quelque chose de visuellement robuste.