L'oeuvre originale thaïlandaise se suffisait à elle-même, une fois de plus. Délocalisée, déracinée de la campagne humide vers n'importe quelle ville ricaine et derrière la frontière mexicaine, The Eye version US perd tout son intérêt, son charme et son mystère.
Ce nouveau remâché n'y gagne que la présence de Jessica Alba, ce qui flattera toujours l'oeil. Avant qu'il ne se ferme de temps à autre, tant l'oeuvre se suit de loin et de manière distraite. Il gagne aussi dans l'aventure, en s'occidentalisant, une nouvelle fin neuneu où, bien sûr, tout le monde est sauvé, comme d'hab', par les visions du personnage principal, comme dans Ghost Whisperer, mais avec des effets spéciaux totalement à la ramasse alors que l'original et le remake sont séparés par six années. Et puis, c'était tellement crétin de garder la fin originale qui saisissait le spectateur sur son fauteuil...
Certaines scènes frôlent la parodie, comme celle du four. Quant aux apparitions, datées, moches et informes, elles font plus rire que frissonner, tant elles semblent tout droit issues d'une cinématique d'un des premiers jeux de la Playstation. Les mouvements de caméra circulaires, toujours les mêmes, abondent, jusqu'à saturation tant ils sont systématiques dans une première partie molle et arthritique, remplie de personnages qui ne servent à rien. Pour le reste, parfois c'est noir, souvent, c'est flou, comme si la cécité de Jessica permettait que la réalisation et la mise au point ne s'adressent qu'à ceux qui ont des problèmes de vue, histoire de noyer un poisson souffrant déjà d'une crise d'asthme.
Tout ça pour dire que The Eye, c'est aussi flou que les années 80 que l'on voyait à travers la passoire pour regarder le film du premier samedi du mois sur Canal malgré le cryptage : tu voyais rien et ça te flinguait les yeux. Et dire qu'ils s'y sont mis à deux pour filmer ça... Vive l'exception culturelle française internationalisée, tiens !
Behind_the_Mask, en plein examen ophtalmologique.