En deux plans, l'introduction de The Eyes of my mother met la barre haute: plan fixe mais "en mouvement", entrée en matière féroce du son, durée du plan proportionnelle à la naissance d'une intrigue, un noir et blanc qui préfigure l'absence, celle de la couleur notamment et enfin ce plan sublime, aérien comme pas possible, une contre-plongée à la géométrie extrêmement brutale qui se substitue in extremis à l'esthétique newage de google earth et semble vouloir dire autre chose.
Malheureusement, il n'en est rien.
Malgré la radicalité proposée dans cette introduction, ce potage tourne vite à vide: le film est une veine tentative d'intellectualiser la violence, de prétendre rationaliser le dégoût et de vouloir plaquer des mécanismes identifiables du cinéma sur une cruelle absence de réel projet esthétique
(durée insoutenable des plans pour filmer l'insoutenable/ prépondérance du plan fixe et des silences pour traduire la solitude / parallèle entre l'objet "œil" et le fait de voir au cinéma, bravo / etc... ).
Le film, dans son scénario (incompréhensible découpage en chapitres qui fait passer l'intrigue pour un manifeste universitaire) comme dans sa mise-en-scène (Haneke, m'as-tu vu?) n’aboutit nulle part.
Franchement pathétique et forcément décevant, The eyes of my mother est, à défaut d'être un film d'épouvante, un film épouvantable.
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