The Dig Picture
Parce qu’il est considéré en Europe comme un auteur, et que son génie visuel a frappé dès ses premiers films, la critique a rapidement cherché dans le cinéma de Steven Spielberg, spectaculaire et...
le 22 févr. 2023
107 j'aime
8
Voir le film
Il est souvent présenté comme le film le plus personnel de Steven Spielberg, mais le réalisateur est bien le premier à contester la formule (évidente, reconnaissons-le). "Tous mes films sont personnels" confiait-il à CBS News en novembre dernier. Pour le coup, cette tournure là sera plus difficile à contester. Car le cinéma, c'est une affaire personnelle pour lui depuis le tout départ. Cette faute d'appréciation mise à part, The Fabelmans est le plus intime des films de Spielberg.
Le cinéaste légendaire se confie comme jamais. Lui, sa famille, son enfance, ses angoisses, son art et le 7ème évidemment,...Tout (ou presque) y passe au cours de ces 2h31. Comme à son habitude, le maître va souvent donner les clés avec sa caméra. Dès l'introduction, avec un simple mouvement de caméra, le spectre de la séparation est déjà là. Mais également le rapport obsessionnel au cinéma, un médium que le petit Sam (= Spielberg) associera pour toujours au langage de l'émotion pure, le seul qu'il reconnaisse comme authentique. Le raccord entre les deux sujets n'était pas donné, c'est pourtant l'élément le plus émouvant de tout le film. Une séquence de révélation à bien des niveaux : choc émotionnel, prise de conscience du pouvoir derrière l'image et des responsabilités que cela implique.
Reprendre le contrôle sur ce qui arrive, ce n'était pas que le problème de ses héros.
L'ironie du sort, c'est que The Fabelmans est l'un des Spielberg les moins ordonnés.
Ce n'est pas par manque de vie, loin de là.
Le rythme est décontracté, suffisamment pour faire durer certains moments importants : un séjour en camping, le tournage et la projection d'un court-métrage guerrier ou un bal de promo. Le casting est particulièrement bien mis en valeur. Gabriel LaBelle incarne brillamment l'adolescent génial mais un peu gauche et à fleur de peau, synthèse parfaite de ses deux parents. Qui sont campés avec brio par Michelle Williams et Paul Dano, tous deux à leur aise dans deux registres assez différents (l'une expansive, l'autre effacé). On notera également la présence de l'impeccable Julia Butters (l'enfant comédienne dans Once Upon a Time in...Hollywood).
Le problème vient peut-être de là. Le film est peut-être un peu trop relâché. La dernière heure met longtemps à nous amener à destination. Quand bien même Spielberg délivre une belle déclaration d'amour au cinéma (à même de rapprocher les adversaires), la partie dramatique avance trop par à-coups pour convaincre. Le rapport père-fils est ainsi laissé au second plan, choix pour le moins étrange quand on sait l'importance de la figure paternelle dans l'œuvre du metteur en scène. Dans le même temps, on a dû proroger avec une intrigue adolescente pas foncièrement déplaisante mais un peu creuse eut égard à ce qui se joue dans la maison familiale. Heureusement, le maestro réserve l'une de ses plus belles cartouches pour la fin, et cette rencontre (bien réelle) avec l'un des cinéastes les plus importants dans la vie de Spielberg.
Ne pas s'y tromper : ce "retour aux sources" n'est pas une manière de terminer sa carrière (même si on peut s'amuser à compter les échos avec certains précédents : Duel, E.T, Minority Report ou La Guerre des Mondes). Plutôt un moyen supplémentaire de communiquer sa passion avec les générations de spectateurs, aspirants réalisateurs ou techniciens qui le suivent. Orchestrer le faux et guetter le vrai. Pour le saisir et le partager avec tous. Pas un hobby. Une affaire personnelle.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2023
Créée
le 25 févr. 2023
Critique lue 77 fois
1 j'aime
D'autres avis sur The Fabelmans
Parce qu’il est considéré en Europe comme un auteur, et que son génie visuel a frappé dès ses premiers films, la critique a rapidement cherché dans le cinéma de Steven Spielberg, spectaculaire et...
le 22 févr. 2023
107 j'aime
8
Je sais que tout le monde se touche la nouille sur ce truc, mais moi je peux pas... C'est quoi cette merde ? De toute la tétrachiée de films nostalgique sur l'enfance de "grands" réalisateurs qu'on a...
Par
le 16 déc. 2022
98 j'aime
29
C'est tendance de conchier Spielberg. Cela fait genre cinéphile. Parce que le gars est déclaré pachydermique dès lors qu'il verse dans le drame. Ou encore qu'il est au mieux manichéen, au pire...
le 23 févr. 2023
83 j'aime
14
Du même critique
Peut-on partir avec un avantage si l'on décide d'aller voir l'adaptation d'une œuvre matrice dans la littérature ? Oui, en ne l'ayant pas lue. Il n'est pas toujours aisé de jongler entre...
Par
le 15 sept. 2021
67 j'aime
8
Dur d'échapper à son rôle phare. Propulsée sur le devant de la scène avec le rôle d'Amy dans le d'ores et déjà classique Gone Girl réalisé par David Fincher, l'actrice Rosamund Pike n'a pas ménagé...
Par
le 20 févr. 2021
60 j'aime
Huit mois, ça peut être un vrai obstacle à la compréhension à l'ère du streaming et du binge-watching. Tout spécialement si vous vous lancez dans la suite d'un film pas très fameux, et que cette...
Par
le 13 déc. 2023
57 j'aime
7