Voir le film

Selon la légende, la genèse de ce Fablemmans aurait pris corps en 2005 lors du tournage de Munich, lorsque Spielberg raconta à son scénariste (Tony Kushner) le tournage d'un voyage familial en camping qu'il réalisa ado et surtout la découverte qui s'en suivit.

Kushner trouva l'histoire formidable. Deux ans et deux films en commun plus tard le projet d'un film inspiré de l'enfance du réalisateur prenait forme.


Cette scène "de camping", pur moment de bonheur, est comme tout le métrage une leçon de cinéma, la lumière d'abord celle d'un feu de camp, qui éclaire les visages en clair-obscur, anime les âmes, avant que les faisceaux incandescents des phares d'une voiture ne viennent prendre le relais pour magnifier la chorégraphie surréaliste du lac des cygnes exécutée par une Madame Fabelman en transe mutique. Les couleurs crépusculaires puis nocturnes sont un régal pour nos rétines, devenues papilles et magnifient les expressions, amusée (M.Fabelman) , intriguée (Bennie, l'ami de la famille), choquée (Reggie ,une des filles de la famille) ou concentrée (Sami Fabelman, le garçon de la famille filmant la scène.


Ce film de famille est à plus d'un titre le point de bascule de The Fabelmans en ce qu'il consacre à tout jamais la fin de l'enfance de Sami, pour le faire chavirer, par une révélation délivrée par le montage du métrage, dans une adolescence d'incertitudes qui ne finira jamais. Elle rdévoile également à Sami (Avatar vous l'aurez compris du jeune Spielberg) la nature de son art futur, un art qui se révèle au montage lorsque la caméra livre la vérité des images, celle-là même qui avait échappé au caméraman sur le tournage.


Les films de Spielberg, sont un émerveillement sans cesse renouvelé : la manière dont le bonhomme parvient, par l'image à transcrire les situations, à sonder la psychologie de ses personnages est incroyable. Peut- être ici, plus encore que dans les métrages précédents puisqu'il touche à l'intime. Et, alors même que l'introspection aurait pu se révéler pénible, la narration est fluide tout du long ne nous laisse jamais au dehors de l'histoie.


Certes, les faits sont légèrement réagencés (il est peu probable que la découverte faite par Sami lors du montage du film de camping soit intervenue à ce moment de la vie de Spielberg) voire enjolivés (pas certains non plus que Spielberg ait eu cette relation loufoque avec une des belles du lycée), mais cette biographie de cinéma est terriblement émouvante, drôle parfois, et contée avec une merveilleuse précision.


L'image est donc, au centre du récit, sans autre artifice (l'utilisation de la voix Off aurait par exemple tout à fait convenu à l'exercice), ici, la caméra s'attarde sur l'ombre grandissante d'un personnage pour mieux souligner l'importance de ses propos, alors qu'ailleurs, le cliquetis d'un projecteur résonne dans un placard tout en projetant sa trainée lumineuse sur un mur minuscule, (mettant ainsi en exergue l'intime) ou dans la main de Sami (quelle "trouvaille" merveilleuse !).

Lors de ces scènes, dont chacune est à sa manière un moment de grâce, les personnages sont habités par des acteurs magnifiques, : mentions spéciales à Judd Hirsch, en inquiétant oncle Boris, à David Lynch époustouflant dans le rôle important d'un personnage mystère (No Spoil..) et évidemment à Michelle Williams insaisissable et évanescente.


Mais arrêtons-là cette louange qui pourrait durer longtemps encore, allez voir The Fabelmans, c'est un monument de cinéma, l'oeuvre d'un grand maître!

Yoshii
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2023 et L'Année 2023 au cinéma, c'était ça...

Créée

le 13 mars 2023

Modifiée

le 12 mars 2023

Critique lue 216 fois

20 j'aime

5 commentaires

Yoshii

Écrit par

Critique lue 216 fois

20
5

D'autres avis sur The Fabelmans

The Fabelmans
Sergent_Pepper
8

The Dig Picture

Parce qu’il est considéré en Europe comme un auteur, et que son génie visuel a frappé dès ses premiers films, la critique a rapidement cherché dans le cinéma de Steven Spielberg, spectaculaire et...

le 22 févr. 2023

105 j'aime

8

The Fabelmans
Moizi
3

Un bide mérité !

Je sais que tout le monde se touche la nouille sur ce truc, mais moi je peux pas... C'est quoi cette merde ? De toute la tétrachiée de films nostalgique sur l'enfance de "grands" réalisateurs qu'on a...

le 16 déc. 2022

96 j'aime

29

The Fabelmans
Behind_the_Mask
9

Il était une fois l'envie

C'est tendance de conchier Spielberg. Cela fait genre cinéphile. Parce que le gars est déclaré pachydermique dès lors qu'il verse dans le drame. Ou encore qu'il est au mieux manichéen, au pire...

le 23 févr. 2023

83 j'aime

14

Du même critique

Civil War
Yoshii
8

« Nous avons rencontré notre ennemi et c'est nous encore » *

Jamais peut-être depuis 1938 (et le canular fabuleux d'Orson Welles, qui le temps d'une représentation radiophonique de "La guerre des mondes" sema la panique aux Etats-Unis), une illustration...

le 15 avr. 2024

117 j'aime

23

Il reste encore demain
Yoshii
8

Des lendemains qui tabassent

Sorti en Italie au cœur de la vague d'indignation suscitée par l'assassinat de Giulia Cecchettin par son ancien petit ami (le 106ème féminicide en 2023 de l'autre côté des alpes), "C'è ancora...

le 12 mars 2024

88 j'aime

3

Furiosa - Une saga Mad Max
Yoshii
9

In George we trust

Lorsqu’en 2015, George Miller, révolutionnait le film d’action (et le post-apo) avec le sidérant Fury road, certains y voyaient un acte ultime, un chant du cygne magnifique, une œuvre inégalable et...

le 22 mai 2024

85 j'aime

14