Attaquer l’innocence à coup de flèches et de machettes.
Un noir et blanc, un ralentit et la septième symphonie de Beethoven. C’est ainsi que Tarsem Singh choisit de nous prendre par la main et de nous accompagner dans les méandres d’un véritable voyage onirique. On se retrouve happé par cette scène d’introduction qui nous immisce entièrement dans le film et c’est avec une grande curiosité qu’on est alors projeté dans les années 20.
Le casting nous dévoile aucun acteur bien connu. On découvre la jeune Catinca Untaru, adorable avec sa petite boite vacillante au bout de son bras plâtré et surtout un Lee Pace juste et touchant, que ça soit dans le rôle d’un Roy brisé ou dans celui d’un bandit assuré.
La photographie est soignée, les décors et les costumes sont magnifiques. Chaque mouvement semble être une chorégraphie, harmonieuse et en adéquation avec la musique. Tourné dans près de 20 pays différents, de l’Inde à l’Afrique du sud, les paysages s’enchainent toujours plus splendides les uns que les autres. Tarsem Singh nous offre ici une mise en scène unique illustrant un véritable conte où la réalité s’efface et s’entre croise avec les récits.
Même si l’image prime sur l’histoire, difficile de ne pas être attendris par cette amitié qui se tisse entre nos deux protagonistes. De plus, au-delà d’un scénario, aux premiers abords, des plus banals, Singh oppose la fragile innocence de l’enfance face à la dureté du monde des adultes. La naïveté et l’angélisme d’Alexandra se voit affronter à une réalité agressive que peuvent-être le chagrin, le décès, la détresse et même l’amour. Une noirceur qui va en crescendo pour finir par une dernière scène poignante.
Une intro marquante au rythme de Beethoven, des scènes se déroulant dans des paysages les plus paradisiaques peuvent sembler un peu facile et un peu léger pour que le film soit qualifié de chef d’œuvre, pourtant la magie opère. Ainsi, malgré un manque de nouveauté, malgré un scénario qui s’effacerait presque au détriment du visuel, on a un résultat qui pétille si passionnément qu’on en ressort des étoiles dans les yeux.