Reconstruction(s)
C’est un peu dans la lignée de son précédent film, A Sun, qui m’avait surpris l’an dernier par sa simplicité et sa délicatesse. Chung Mong-hong semble s’affirmer comme l’un des cinéastes taïwanais...
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le 15 mars 2022
C’est un peu dans la lignée de son précédent film, A Sun, qui m’avait surpris l’an dernier par sa simplicité et sa délicatesse. Chung Mong-hong semble s’affirmer comme l’un des cinéastes taïwanais les plus intéressants de sa génération, aux côtés de l’ultraconfidentiel Chienn Hsiang, l’auteur d’Exit. Le présent film, The Falls, partage d’ailleurs quelques similitudes avec ce dernier.
J’étais un peu sceptique quand j’ai vu que le film s’ancrait dans la chronologie de la pandémie de coronavirus, tant l’événement me paraît un prétexte hautement inutile à tout type de réflexion intellectuelle. Ce fut pourtant une belle trouvaille que de mêler au contexte du confinement le sujet de la maladie mentale. La détérioration des relations mère-fille à travers ce prisme est une belle réussite.
The Falls est effectivement l’un de ces films qui parvient à instaurer un malaise cassavetien chez le spectateur. Il se joue habilement de lui et suscite, par touches retenues, une curieuse impression que quelque chose cloche, sans qu’on puisse pourtant l’apprécier, lui faire face directement… Cela est permis par une photographie qui a gagné en maturité, sachant alterner les moments arty, limite poseurs, avec des phases plus académiques mais non moins soignées. Le réalisateur a heureusement abandonné le filtre chromatique jaune qui dénaturait péniblement A Sun. Ce sont ici les tons froids qui dominent, à commencer par cette mystérieuse bâche bleue qui enserre mystérieusement jusqu’à l’étouffement les deux protagonistes au début du film.
Globalement la première moitié est bien plus intéressante que la seconde, très (trop) diégétique, et où est perdu l’élément « perturbateur » qui donnait de la consistance au métrage. Le symbolisme est un peu trop appuyé, et ça manque quand même de « violence », y compris à la toute fin – surprenante –, mais où il y avait moyen d’après moi de nous asséner un grand coup sur la tête, parfaitement inattendu. Le cinéaste a préféré finir sur une bonne note, soit… C’est un peu son problème je crois, ne pas savoir vraiment sur quel pied danser : faire un film « grand public » (car c’est de cela dont il s’agit en fin de compte), ou se lâcher et proposer quelque chose d’inhabituel, et donc de marquant.
Je reste persuadé au demeurant que ce M. Chung n’a pas fini de nous surprendre : il y a quelque chose dans sa façon de voir le monde, d’envisager les relations entre les personnages, que l’on ne retrouve pas souvent dans le cinéma actuel. Il faut que je voie ses précédents films, qui m’ont l’air plus « foufous » que ce qu’il fait maintenant : peut-être que le grand moment de sa carrière est déjà derrière lui, et qu’on ne profite que grâce à Netflix de quelques miettes, charmantes, mais un peu décevantes…
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le 15 mars 2022
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