Mais bordel ! dans vos films de merde, remplissez vos tasses ! On le voit que ta tasse est vide !

Je suis assez agréablement surpris par ce film que je pensais n'être qu'une sombre daube à Oscar avec un Anthony Hopkins surjouant les grabataires au profit d'un mélo tout ce qu'il y a de plus classique et déplorable.


Mais, Florian Zeller a eu l'intelligence de centrer sur film sur le point de vue de ce père perdant petit à petit la mémoire et de chercher à faire ressentir au spectateur la désorientation de son personnage principal. Disons que comme Anthony nous sommes perdus, on ne sait jamais réellement ce qu'il se passe, quelle heure, quel jour il est... Tout semble se répéter, un peu différemment, rendant chaque scène encore plus confuse que la précédente, faisant perdre tout repère temporel. Et ça fonctionne plutôt bien, ça change d'autres films du genre (qui peuvent être excellents) où on épouse le regard du conjoint ou de l'enfant qui voit son mari ou son père dépérir.


L'adoption de ce point de vue rend immédiatement assez étrange toute scène sans le personnage du père (il y en a quelques unes qui servent à donner des clés pour que le spectateur comprenne réellement ce qui se passe). Je ne comprends pas bien pourquoi Zeller a cédé à cette facilité ? Avait-on réellement besoin de comprendre quelque chose ?


Mais le pire étant sans doute la séquence finale, qui est tout ce qui se fait de pire dans le genre et casse toute la crédibilité de l'histoire, où on te sort les violons, on tombe en plein mélodrame tout ce qu'il y a de plus affligeant et de stupide... là où avant ça avait l'avantage de ne pas chercher grossièrement à émouvoir... Mais pour son final, voulant faire chialer sous les chaumières Zeller sort tout l'attirail jusqu'à l’écœurement et finit par répondre aux dernières questions laissées en suspens pendant le reste du film (pourquoi les acteurs pour certains personnages changent). Au lieu de laisser le spectateur avec son impression de désorientationt, il faut, sans doute car Zeller le croit stupide, tout lui dire, tout lui expliquer, bien sagement, de manière bien didactique, sans finesse, parce qu'après tout il ne faudrait surtout pas perturber le bon petit consommateur de pop corn.


Bref, la fin est affligeante de bêtise tant c'est un renoncement par rapport à ce qui avait été proposé avant et qui était plutôt sympathique...

Moizi
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Top films vus en 2021 et Ta tasse est vide !

Créée

le 31 août 2021

Critique lue 3.2K fois

28 j'aime

Moizi

Écrit par

Critique lue 3.2K fois

28

D'autres avis sur The Father

The Father
Behind_the_Mask
8

Devoir de mémoire

Les yeux sont le miroir de l'âme, paraît-il. Et il suffit d'un regard, parfois, pour susciter mille émotions. The Father me l'a rappelé cet après-midi, avec le regard tour à tour hébété et...

le 3 juin 2021

116 j'aime

7

The Father
lhomme-grenouille
8

Une chose de savoir. Une autre d’y être…

On y passera tous. On a conscience de ça. Le déclin, la vieillesse puis l’oubli. Personne n’est dupe. On a tous vu un père ou une grand-mère s’engager sur ce chemin. Des proches ou des inconnus. Les...

le 27 mai 2021

53 j'aime

25

The Father
Plume231
7

La Vieillesse est un naufrage !

Vivre la "réalité" d'un homme qui tombe de plus en plus profondément dans la sénilité (sans s'en rendre compte le moins du monde, cela s'entend !), c'est comme si sa mémoire (ou plutôt son absence de...

le 3 mai 2021

51 j'aime

12

Du même critique

Star Wars - L'Ascension de Skywalker
Moizi
2

Vos larmes sont mon réconfort

Je ne comprends pas Disney... Quel est le projet ? Je veux dire, ils commencent avec un épisode VII dénué de tout intérêt, où on a enlevé toute la politique (parce qu'il ne faudrait surtout pas que...

le 21 déc. 2019

494 j'aime

48

Prenez le temps d'e-penser, tome 1
Moizi
1

L'infamie

Souvenez-vous Bruce nous avait cassé les couilles dans sa vidéo de présentation de son "livre", blabla si tu télécharges, comment je vis ? et autre pleurnicheries visant à te faire acheter son...

le 29 nov. 2015

305 j'aime

146

Le Génie lesbien
Moizi
1

Bon pour l'oubli

Voici l'autre grand livre « féministe » de la rentrée avec Moi les hommes je les déteste et tous les deux sont très mauvais. Celui la n'a même pas l'avantage d'être court, ça fait plus de 200 pages...

le 4 oct. 2020

246 j'aime

61