"Le père de mon arrière-grand-père a labouré cette terre, a mains nues"

The Field est une histoire typiquement irlandaise qui se noue autour du rapport à la terre. Car la terre, même si ce n’est qu’un lopin, est sacrée pour un irlandais. Cette terre, le vieux Bull, lui a tout sacrifié. Il l’aime, la soigne depuis son enfance avec son père. Elle lui appartient de droit. Sauf que la veuve qui en est propriétaire, pour une raison obscure refuse de la lui vendre.

A travers cette intrigue très simple, Jim Sheridan, irlandais qui connaît bien son pays, dessine avec finesse divers portraits et fait ressentir la mentalité de l’Irlande profonde où les habitants ont la tête aussi dure que les rochers qui le parsèment. Ils ont aussi l’amour du pays chevillé au cœur. Quand certains d’entre eux reviennent après être partis aux États-Unis quelques années, ils sont regardés comme des traîtres. Rien ne justifie de quitter l’Irlande, même pas la famine.

Cette bataille pour la terre, n’est pas à simple échelle d’hommes, c’est plus largement la lutte entre les pauvres qui ont travaillé la terre de leurs mains nues et les riches qui arrivent avec leurs dollars pour la confisquer et s’enrichir sans scrupules en construisant leurs autoroutes. C’est aussi l’histoire de la transmission de père en fils du trésor de la terre. Mais qu’arrive-t-il lorsqu’un fils ne partage pas ce même amour, cette même vénération pour la terre ? Lorsque son cœur est ailleurs ?

Les acteurs sont excellents : Richard Harris en tête, formidable de rudesse et de vulnérabilité ; Sean Bean tout jeune campe un garçon aux ordres de son père et John Hurt un idiot du village tellement convaincant qu’on le prendrait réellement pour tel.

Les paysages irlandais sont l’écrin rugueux dans lesquels prennent place cette tragédie. Jim Sheridan nous livre là encore une belle pépite, après My Left Foot et avant In the Name of the Father.

Ces mains, vous voyez ces mains ? Ces pierres … c’était un désert. Vous ne comprenez pas ? (…) Aucun panneau, aucun uniforme, aucune arme ne pourra protéger l’homme qui se tiendra sur mon chemin.

Créée

le 8 sept. 2024

Critique lue 6 fois

4 j'aime

2 commentaires

abscondita

Écrit par

Critique lue 6 fois

4
2

D'autres avis sur The Field

The Field
abscondita
8

"Le père de mon arrière-grand-père a labouré cette terre, a mains nues"

The Field est une histoire typiquement irlandaise qui se noue autour du rapport à la terre. Car la terre, même si ce n’est qu’un lopin, est sacrée pour un irlandais. Cette terre, le vieux Bull, lui a...

le 8 sept. 2024

4 j'aime

2

The Field
Konika0
9

Au nom du fils

Dans sa quête de la définition des rapports entre père et fils, Jim Sheridan, pour son deuxième long, s’arrête dans un petit village paumé de la campagne irlandaise. Bull, est un vieil homme mais il...

le 3 oct. 2020

1 j'aime

The Field
YgorParizel
9

Critique de The Field par Ygor Parizel

Un grand drame de plus pour Jim Sheridan, peut-être bien le meilleur témoignage sur la vie campagnarde dans cette Irlande affamée et misérable du début du XXe siècle. Le fait que l'intrigue soit...

le 1 août 2018

Du même critique

La Leçon de piano
abscondita
3

Histoire d'un chantage sexuel ...

J’ai du mal à comprendre comment ce film peut être si bien noté et a pu recevoir autant de récompenses ! C’est assez rare, mais dans ce cas précis je me trouve décalée par rapport à la majorité...

le 12 janv. 2021

61 j'aime

22

Le Comte de Monte-Cristo
abscondita
9

"Je suis le bras armé de la sourde et aveugle fatalité"

Le Comte de Monte Cristo est une histoire intemporelle et universelle qui traverse les âges sans rien perdre de sa force. Cette histoire d’Alexandre Dumas a déjà été portée plusieurs fois à l'écran...

le 30 juin 2024

47 j'aime

7

Le Dictateur
abscondita
10

Critique de Le Dictateur par abscondita

Chaplin a été très vite conscient du danger représenté par Hitler et l’idéologie nazie. Il a été l’un des premiers à tirer la sonnette d’alarme. Il commence à travailler sur le film dès 1937. Durant...

le 23 avr. 2022

33 j'aime

22