Dans sa quête de la définition des rapports entre père et fils, Jim Sheridan, pour son deuxième long, s’arrête dans un petit village paumé de la campagne irlandaise. Bull, est un vieil homme mais il faut pas trop lui chercher des poux dans la barbe. S’il a bouté les Anglais hors de son île (ou presque), c’est pas pour laisser un Américain transformer son pré en autoroute. Surtout qu’au fond, il s’oppose moins pour lui-même que pour son fils, censé reprendre son activité pastorale. le fils est muet … du moins face à ce père autoritaire et garant de ce qu’est un véritable Irlandais pur souche. Alors derrière le pré se joue en réalité la question de la transmission d’un héritage, d’une terre autant que la transmission d’une tradition et d’un « esprit irlandais ». Le fiston balance entre le respect qu’il a pour son paternel et pour l’héritage et l’envie d’ailleurs, d’autre chose, de liberté. Ce sont les Gipsies qui vont incarner la menace autant que la porte de sortie. Le message de Sheridan est fort et on ressent pleinement la douleur qu’éprouve ce père face à ce qui lui paraît être une injustice et une corruption. La fin, somptueuse, terrible et pessimiste permet à Sheridan de dire une première fois que la violence n’est pas une issue car si la cause est légitime, elle ne trouvera pas de résolution favorable si le sang coule. Attention, le film n’est pas facile à trouver mais si vous le tenez, ne le lâchez pas.