Sans jamais tomber dans le graveleux facile mais sans non plus s'interdire de nombreuses boutades, Jonah Bekhor et Zach Math se sont embarqués du côté de l'Islande pour aller à la rencontre du fondateur et conservateur de l'unique musée au monde entièrement consacré au pénis. Sigurdur "Siggi" Hjartarson a ainsi passé les 40 dernières années à collecter des spécimens de phallus en tous genres et de toutes espèces, avec des tailles (puisque c'est ce qui intéresse la plupart des intervenants) allant du millimètre pour le hamster à plusieurs mètres pour le grand cachalot. On peut également compter sur quelques bizarreries comme cette espèce de mammifère chez laquelle le mâle détient non pas un mais deux verges. Mais il manque une pièce à la collection : un sexe d'homo sapiens.
Le protagoniste de cette histoire loufoque mais tout à fait véridique explique avec beaucoup d'émotion et de malice comment tout a commencé, quand un jour on lui a transmis un phallus de taureau en 1974 : une blague, à l'origine, qui s'est peu à peu transformée en quête existentielle pour Siggi. Au moment où était tourné ce documentaire, la quête prenait un tournant majeur puisque deux volontaires s'étaient présentés pour le fameux don, l'un après sa mort et l'autre de son vivant. Le premier est un célèbre explorateur islandais de 95 ans, revendiquant des conquêtes féminines par centaines, mais quelque peu effrayé à l'idée que son pénis usé par le temps ne passe pas la barre de la taille minimale admise de 5 pouces. Le second est un soixantenaire américain particulièrement fier de son pénis, au point de lui avoir donné un nom (Elmo) et de s'être fait tatouer un drapeau américain sur le gland. La compétition commence pour savoir qui sera le premier donateur...
Soit le scénario d'une comédie qui aurait été jugée bien trop farfelue s'il ne s'agissait pas de la réalité. Dans son musée phallologique islandais, entouré de bocaux remplis de membres divers plongés dans du formaldéhyde, Siggi raconte toutes ces histoires avec beaucoup d'humour. La caméra s'invite dans quelques situations largement improbables, comme cette séquence de moulage de phallus qui vire à la torture quand l'artiste visiblement pas très doué peine à retirer le plâtre séché... C'est souvent absurde et potache, tout en questionnant en surface quelques tabous, pour atteindre un degré de surréalisme documentaire vraiment appréciable.
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