Du Alan Clarke pur jus, virulent, crasseux, miséreux et noir en diable. Gary Oldman y est littéralement habité en père de famille coincé entre la vie rangée qu'ambitionne sa femme et une passion dévorante pour la castagne : le bonhomme est un caïd hooligan craint et respecté, à la tête d'un groupuscule qui aime en découdre avec les deux ou trois groupes rivaux des environs. Niveau mise en scène, c'est caméra au coeur de l'action, on ne loupe rien, ça tremble quand les nerfs s'agitent, ça se pose quand les esprits retombent et surtout ça ne détourne jamais le regard : quand les lames se mettent à l'oeuvre, on serre les dents. C'est vraiment un film dans ta tronche sans froufrou, qui sait faire monter la tension de manière progressive jusqu'au final, même en dehors des rixes :
le retour de Gary Oldman chez lui, tout juste après avoir vengé l'un de ses membres d'une entaille à la joue, qui violente sa propre femme, est aussi malaisant que la situation est inattendue. Sa résolution également d'ailleurs, comme si le rapport de force était consenti, clairement dérangeant ce passage.
Dommage qu'aucune action n'ait réellement de conséquence dans l'histoire (les autorités sont absentes de tout débat), mais en 1h10 on comprend qu'Alan Clarke aille à l'essentiel pour ne polluer ni sa note d'intention, ni son final désespéré, qui hurlent à qui veut bien l'entendre que l'être humain est une cause perdue.