Un formidable choc esthétique, tout à fait représentatif du style cinématographique de Alan Clarke : un regard sans jugement moral posé sur une poignée de sociopathes, filmé à hauteur d'homme au gré de longs travellings d'une hypnotique fluidité. Alan Clarke signe avec The Firm le terrifiant portrait de Bex, quadragénaire de la classe moyenne britannique occupant son temps libre en tant que leader d'une bande de hooligans : âpre et violent le film dépeint sans fioritures un groupuscule taillé dans le culte de la haine, du racisme et de la connerie humaine, trouvant dans le vandalisme le moteur quotidien de son existence.
Incarné magistralement par le génial Gary Oldman ( qui défend mieux que nul autre les personnages de parfait salopard ) Bex est le vecteur essentiel de ce conte amoral réalisé sans concessions : homogène et totalement maîtrisée la mise en scène annonce le dispositif conceptuel du terrible Elephant, épousant les déambulations de Bex et sa bande ; avec une froideur redoutable et particulièrement efficace le style de Clarke éclate à chaque plan, transmettant habilement la brutalité des idéaux fascistes dudit groupuscule. Une vision très réaliste d'une escalade de la violence montrant avec pertinence les terrains périlleux d'une Angleterre gangrénée par la haine : un incontournable à voir impérativement !