Tout laisse penser que ce titre, lui-même emprunté des paroles de la musique Aurora de Kiah Victoria, détient toute la force et le mystère du film. Sur celle-ci, l'incroyable Royalty se laisse emporter par ses pas de danse, ceux d'une jeune fille sportive et passionnée mais surtout portée par ce qui vit en elle.
Tant épuré qu'esthétique, le film est délivré de toutes contraintes psychologiques et sociales pour nous contenter d'un corps en mouvement. Nous perdons contrôle avec elle et elles, nous ne savons pas où nous sommes menés et c'est justement la raison pour laquelle nous ne voulons pas nous en aller. Les compulsions dont sont éprises les danseuses, pour une raison qui nous reste inconnue, mettent en scène ce manque de maîtrise qui nous touche tous. Parce que Toni est guidée par ses désirs et non emprisonnée dans une condition sociale qui la forme, elle incarne à merveille ce flux de vie. Elle vit au moment même où elle semble s'échapper car elle se construit hors des conventions. Elle n'est pas moins masculine que purement féminine, elle est en tant qu'être qui par son identité se construit au contact du monde.
De fait les différentes acceptations sémantiques de "The Fits" comme "compulsions" - "être en forme" ou encore "conformité" nous confortent dans l'idée de décimer une lumière parmi cette profondeur. Toni, par son corps nous emmène avec elle et nous sommes à la fois habités par des ondes nouvelles qui nous satisfont, qu'éloignés de toute conformité pour y faire naître quelque chose de pur et de vrai.