The spy within ou Flight of the dove (dtv oblige) est un faux film d'espionnage cachant le véritable sujet : un drame/thriller psychologique porté par la toujours stupéfiante et sexy *Theresa Russell *(à la filmographie films d'auteurs toute aussi affolante).
Campant une espionne en pleine crise d'identité doublée d'un burn-out, son magnétisme névrotique (sublimé dans les chefs d’œuvres conjugaux de son ex-mari Nicholas Roeg) éclipse tout le monde, y compris le solide Scott Glenn en Saint Bernard malgré lui et le trop rare Terrence Knox (charismatique Sgt Anderson dans la grande série L'enfer du devoir). La séance intense entre le psy et l'agent à vif résume bien le sujet de l'équilibre impossible entre le pro et le perso et révèle une personnalité méchamment borderline. Malheureusement les scénaristes moins inspirés sur la durée ne tiennent pas le rythme, les enjeux de plus en plus flous se cassant la gueule au bout de 60mn. Symptôme d'un arbitrage indécis sur le genre à exploiter et une temporalité mal découpée du récit ? Sans doute.
Si la 1ere réalisation assez fonctionnelle de Steve Railsback (vous connaissez sa trogne sombre et burinée à la *James Woods *avec qui il partage l'affiche dans le malaisant Les visiteurs du grand Elia Kazan) sera aussi sa dernière, elle tient plutôt la route dans les séquences tendues. Mais là où scènes d'action et de romance lancent le sujet par une belle dynamique euphorisante et teintée d'humour noir, voilà que bavardages et retournements de situation répétitives viennent ensuite l'ankyloser. Le verbiage de la CIA et la présence d'autres prestataires mortifères meublant trop souvent l'espace narratif.
Résultat scénaristique de cette prise progressive dans le tapis : une résolution poussive et une fin frustrante bien bâclée (ou refaite à l'arrache, la faute au radasse Roger Corman ?). Mais la 1ère heure dont une partie en temps réel avec le duo étonne par sa liberté de ton hot et assez destroy. La rencontre des 2 espions solitaires Russell/Glenn dont la scène coïtum/post coïtum marque les esprits par son insolente fraîcheur, permise surtout par le talent et la sensualité assumée de l'héroïne (quelle (h)ardeur naturelle). Mieux que Sharon Stone, Theresa n'ose pas donner de sa personne, elle se donne à 100% tout simplement... à l'inverse de son personnage versatile.
Malheureusement depuis, le reste de sa filmo ne retrouvera pas d'histoires mieux écrites ou de réalisateurs de la trempe d*'Elia Kazan *ou de Steven Soderbergh. En attendant le miracle, on se réconfortera en découvrant plus en détail toute l'étendue de son jeu dans Enquête sur une passion, La veuve noire, Eureka, Kafka ou le badass et féministe -non rousseauiste-* Double jeu d'une autre blonde toute aussi douée : l'intrépide Sondra Locke*.