Robert MacNamara est un immense monsieur, à qui un jour la postérité rendra grâce. Jeune boursier à Harvard, il redressa Ford dans les années quarante, puis on lui proposera – une première pour un étranger à la famille Ford – d'en devenir le président. Il démissionnera cinq semaines plus tard, appelé par un autre président John Fitzgerald Kennedy... il lâchera tout (carrière, argent (passant de 800 000$ par an à 25 000$),) pour prendre le Ministère de la Défense. Car selon lui, on ne refuse pas de répondre « à l'appel de son président », et c'est un devoir moral de servir son pays.
Ce sera le début de sa perte. Plaidant pour une retraite du Vietnam en 1963, il assumera pourtant ensuite, sous le président Lyndon Johnson, un engagement de plus en plus meurtrier des forces US, et sera voué aux gémonies pour cela... jusqu'à incarner, à lui seul, l'échec du Vietnam.
Il raconte tout cela, et bien plus encore, dans l'excellent Fog of War : de la difficulté – et de la nécessité – de la diplomatie et de la guerre, et des énormes responsabilités qu'endossent les politiques qui en sont chargés : MacNamara calculera par exemple, à 28 ans, le coût humain d'un bombardement incendiaires. Il faut voir les larmes d'un homme de 90 ans pour comprendre...
Vous l'aurez compris, Fog of War n'est pas pour les démagogues, les âmes simples, les adeptes du « Tous Pourris ! ». C'est l'équivalent cinématographique du Prince de Machiavel, de l'Art de la Guerre de Sun-Tzu, ou De La Guerre de Clausewitz. A l'Age Nucléaire, il faut repenser ces notions anciennes : on ne peut plus faire deux fois la même erreur, car la première est fatale.
Un visionnage indispensable hier, aujourd'hui et demain.
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