Six ans ont passé depuis Requiem for a Dream, laissant un vide abyssal dans la filmographie débutante du jeune Darren Arofnosky. Le réalisateur a pourtant marqué le genre avec son film-choc et on n'attendait plus sa nouvelle création. C'est pourtant sur un projet plus ou moins étrange, mêlant histoire d'amour et science-fiction que le New-Yorkais va nous entraîner. Basé sur le mythe de l'Arbre de Vie (délaissé par Dieu après le pêché d'Adam et Ève sur l'Arbre de la Connaissance) et les écrits à la fois bibliques et mayas, The Fountain n'est ni plus moins qu'un hymne à l’amour et à l’éternité, passant par la douleur et l'acceptation de la mort.
Des thèmes finalement pas si différents de son précédent film, présentés ici de manière beaucoup plus succincte et poétique... Visuellement irréprochable, alternant entre film d'époque, romance sombre et délire spatio-temporel lumineux. The Fountain reste dans une certaine sobriété scénaristique tout en étant finalement assez complexe dans sa trame de fond. Composé de trois histoires distinctes mais au même parcours, se rejoignant finalement dans une cohérence déconcertante, le scénario déstabilise, émeut, émerveille parfois mais peut également agacer. En effet, la lenteur évidente du film ne passe pas inaperçue et certains aspects paraissent désordonnés, notamment lors des ellipses ou encore durant le troisième segment, très onirique pour ne pas dire souvent incompréhensible.
Toutefois, le message du film, aussi simple qu’émouvant, demeure intact, porté par des acteurs touchants à l'interprétation juste et surprenante. Remplaçant Brad Pitt et Cate Blanchett, les inattendus Hugh Jackman et Rachel Weisz s'avèrent étonnants dans la peau de ces trois personnages temporellement différents mais à la personnalité et au but finalement similaires. Ainsi, même si l'on a connu Darren Aronofski avec plus d'inventivité, The Fountain n'en demeure pas moins une très bonne romance tournée de façon assez inédite, ne faisant jamais tomber le film dans l’échec cuisant. Disons qu'on aurait juste préféré un traitement un peu moins sommaire malgré une beauté esthétique évidente et la sublime musique de Clint Mansell...