The fountain gagne à être visionné sans avoir aucune idée de ce qu'on va voir, donc si vous ne l'avez pas vu, le mieux est de fermer cette critique et de vous lancer dedans.
C'est un film où il est question de vie éternelle, et de renaissance, avec des va-et-vients entre trois réalités : l'époque des conquistadors chez les Mayas, notre époque contemporaine dans une clinique, et enfin une nébuleuse lointaine où vivrait un personnage mystérieux. Derrière les allers-retours entre ces plans de réalité, il est question d'amour, de peur de mourir face à une maladie inéluctable (le cancer du cerveau / l'intolérance religieuse), et de la possibilité de voir la mort comme un acte de création. Le titre, j'imagine, fait référence à Ponce de Léon et à la légende de la fontaine de jouvence, même si cette dernière était censée se situer dans les Everglades et non en Amérique centrale.
Très honnêtement le film est déroutant, et perdra une partie du public dans ses scènes les plus fantasmagoriques. D'autant que la bande-son repose sur des nappes de violoncelles et des motifs lancinants de violon. Et la palette de couleurs a une dominante jaune et noir, comme sur l'affiche... Il faut aimer.
Il y a beaucoup d'environnements sombres avec de faibles sources de lumière, à l'image des constellations, sur lesquels les personnages ne se détachent que comme des silhouettes, mais il y a aussi beaucoup de plans rapprochés, parfois sur des personnages confrontés à des blessures/ à un milieu médical déshumanisé. Merci Darren. Ce n'est pas ce qui me touche le plus, mais bon.
La douleur est montrée de manière appuyée.
Les décors sont fantasques (ruines mayas, cages d'escaliers avec oeil de boeuf, la Mezquita...). Il y a des images vraiment très évocatrices sur la fin, à base d'architecture maya, de ciels grandioses et de végétation.
Le film dégage une aura de film à budget réduit, cependant le couple vedette est époustouflant : Rachel Weisz, figure féminine projetée, dégage comme toujours sa beauté punk, à la fois charnelle et éthérée, tandis que Hugh Jackman joue une vaste palette de jeu, du profond psychologiquement au presque cartoonesque dans les scènes mayas.
Volontairement cryptique, le film est assez improbable mais dégage un fort capital-sympahie. A voir par curiosité, surtout si vous aimez les deux interprètes principaux.
Synopsis.
Des Mayas attaquent des conquistador. Jackman, abandonné par ses hommes, se retrouve seul au sommet d'une pyramide étrange face à un guerrier qui le tue. Il se réveille le crane rasé, en apesanteur, dans une bulle avec un arbre, sur lequel il prélève de quoi vivre. Il est visité par une vision d'une femme, habillée bourgeois, qui lui propose de sortir : il refuse. La vision revient, il se laisse aller. On l'empêche de sortir : il s'appelle Tommy et est chirurgien ; il a un patient à opérer. Il le perd, mais décide d'utiliser le composé issu d'un arbre du Guatémala. Cela sauve son patient, un singe, mais il se fait réprimander. Rentré chez lui, Izzi lui montre au télescope une nébuleuse : pour les Mayas c'est Shibalba, lieu de transit pour les âmes. Tommy réalise qu'Izzi a perdu la sensation du chaud et du froid ; elle écrit un livre intitulé The fountain.
On l'appelle au laboratoire : le singe s'est spectaculairement rétabli et son cerveau a rajeuni, même si sa tumeur n'a pas disparu. Pendant qu'Izzi dort, Tommy lit son livre : un capitaine de la reine d'Espagne fait cavalier seul pour la sauver d'un ignoble inquisiteur. Mais elle le rappelle : il doit aller à la recherche d'une pyramide oubliée qui comporterait un fabuleux secret, l'arbre de la vie éternelle.
Tommy revient à lui. Izzi a une tumeur au cerveau. Tommy poursuit ses recherches sur le singe. Izzi lui demande de finir le livre. Elle meurt, la tumeur du singe régresse bizarrement.
On revient à l'homme dans la bulle du début. Son arbre meurt. Il prend la place du conquistador du début au sommet de la pyramide : le guerrier est vaincu. Car c'est lui, le premier père, qui est mort pour permettre la naissance de l'arbre de vie. Le conquistador trouve l'arbre de vie dans une piscine au sommet de la pyramide. Il boit la sève de l'arbre, mais son corps se change en végétation. Une sorte de big bang a lieu dans Shibalba. Tommy plante une graine sur la tombe d'Izzi, l'air désormais apaisé.