Réécriture totalement perchée du mythe de l'Arbre de Vie, The Fountain reste avant tout une claque poétique, et surtout esthétique, monumentale...


Le film divise, mais on ne pourra certainement pas reprocher à Darren Aronofsky de faire dans le commercial - son échec au box-office le fera à notre place - après le succès retentissant de Requiem for a Dream. Quoi qu'il en soit, il aura su profiter des nouveaux moyens mis à sa disposition pour nous offrir un visuel jusqu'alors jamais vu, servi par une mise en scène aussi mystérieuse qu'impeccable.


Difficile de raconter l'histoire cependant, à part peut-être en révélant que celle-ci se passe en trois époques et en trois lieux totalement différents, semblant représenter 1) le présent tragique d'un couple dont le mari docteur se battrait pour sauver sa femme d'une tumeur mortelle, 2) son combat qu'elle imaginerait - en tant que reine ibérique - tel celui d'un conquistador à la recherche de l'Arbre de Vie et qu'elle rédigerait dans un livre dont elle ne pourra écrire le dernier chapitre, malgré un ultime sourire, et qu'elle lui confiera de terminer, 3) le voyage mental et initiatique de cet homme inconsolable, au milieu d'un espace dominé par le jaune et le noir, dans un but d'acceptation de la mort - sa peur - qu'il aurait d'abord voulu guérir comme n'importe quelle autre "maladie"... Ou un truc dans l'genre ! ^^


The Fountain (qui est aussi le titre de ce livre) s'appuie essentiellement sur la symbolique, rendant le film forcément difficile d'accès et pas toujours très évident à comprendre, notamment durant les 20-30 premières minutes, malgré une progression somme toute bien conduite. Mais que ces symboles sont puissants : la nébuleuse comme étoile mourante ; la perte et la marque indélébile de l'alliance ; l'utilisation de la mythologie maya et de ses guerriers gardant la "fontaine" dans un cas (pas Inca hein^^), amenant à une planète particulière dans l'autre ; l'inquisiteur qui n'est autre que son cancer ; l'encre noire de l'immortalité narrative n'entrant pas dans les veines du mortel ; et enfin, les tatouages de son bras comme les cernes (l'âge) de l'Arbre. Un voyage contemplatif et spirituel qui transcendera les sentiments incarnés par deux acteurs au sommet : Hugh Jackman et Rachel Weisz.


In fine, The Fountain m'aura tout d'abord déboussolé, intrigué, puis étonné, jusqu'à me passionner, pour finalement me subjuguer par son épilogue d'une puissance et d'une beauté divines et prodigieuses. Et ce, au point que j'aurais tout donné pour que ce bouquet final ne se termine jamais !


8,5/10

Créée

le 17 mars 2016

Critique lue 373 fois

12 j'aime

RimbaudWarrior

Écrit par

Critique lue 373 fois

12

D'autres avis sur The Fountain

The Fountain
Troll
8

Bataille et Fontaine

Aiguillonné par la lecture de critiques pour le moins acerbes, je me suis lancé dans ce film avec...circonspection. Une défiance néanmoins teintée d'espoir, parce qu'Aronofsky, Jackman et Weisz ne...

le 10 août 2010

101 j'aime

28

The Fountain
Aurea
5

En quête d'éternité

Visuellement ce film est une pure merveille: un poème onirique mis en images somptueuses dans une oeuvre qui se veut visionnaire : un homme, trois époques différentes et la lutte acharnée pour...

le 30 juil. 2011

73 j'aime

59

The Fountain
Jérôme
2

L'infame fontaine

Un type fait du yoga dans une bulle spatiale pendant que des conquistadors cherchent la fontaine de jouvence, le tout sur fond de déclamations philosophiques qu'un Marc Lévy du pauvre analysant les...

le 6 mai 2010

69 j'aime

12

Du même critique

Le Juge et l'Assassin
RimbaudWarrior
8

Prières et le loup

Plutôt que de nous obliger à nous taper une énième rediffusion du Gendarme-et-de-je-sais-pas-qui sur M6 pour rendre hommage à Michel Galabru, Arte a eu le bon goût de rediffuser le grand drame qui le...

le 7 janv. 2016

54 j'aime

12

Buffet froid
RimbaudWarrior
9

Le poltron, le fruste et le fainéant

Bertrand Blier aurait, paraît-il, assez rapidement écrit le scénario de Buffet Froid en partant de l'un de ses rêves récurrents qu'il prête ici à son personnage principal qu'incarne Gérard...

le 14 juil. 2016

42 j'aime

14

Martyrs
RimbaudWarrior
9

Laissons Lucie faire

J'avais complètement zappé la polémique quant à son interdiction aux moins de 18 ans à sa sortie, alors quand je me suis installé devant une diffusion de Martyrs sur Canal, je ne vous explique pas la...

le 13 mars 2016

41 j'aime

7