Le pire film de Wes Anderson. Ce gars là, c'est un cinéaste au style tellement identifiable que le moindre truc qu'il fait créé l'évènement, même quand il en vient à ne pas savoir pourquoi il fait un film apparemment. Car la première chose qui frappe à la vision de The French Dispatch, c'est le non sens complet de ce que l'on est en train de voir. C'est une espèce de film à sketch dont le tout serait connecté par l'histoire d'un journal, et dont la mort du fondateur de ce journal serait le point de départ pour raconter ces trois histoires. Sauf que l'on a jamais le sentiment que ces histoires soient vraiment liées, tout paraît complètement artificiel. Et à l'intérieur même de ces histoires, il est impossible de comprendre ce qui a pu passer par la tête d'Anderson pour se dire que c'était une bonne idée de raconter ces histoires... Résultat: chaque personnage semble être une caricature, là où Anderson savait faire évoluer ses personnages et les rendaient attachant, extrêmement humain, et dont l'aspect décalé participait à créer de la poésie dans ses œuvres. Donc niveau scénario, c'est un zéro sur toute la ligne.
Mais le pire, c'est qu'Anderson essaye de faire croire au spectateur que c'est son film le plus jusqu'auboutiste, également par sa mise en scène. Par instant, on est curieux devant certaines séquences, et je reconnais que d'un point de vue purement formel, je me suis vraiment laissé intrigué par certains choix stylistiques. Certaines scènes ne sont pas déplaisantes lorsqu'il s'essaye par instant à certaines formes qu'il n'avait pas encore fait. Sauf que ces formes là doivent représenter au total 10 minutes sur tout le film. Et le reste, c'est une véritable caricature de son propre style, ne cherchant jamais à dépasser le stade de la pose identifiable pour spectateur familier de son œuvre. Il faut voir la gueule de certains passage ou Anderson décide de passer d'un format d'image à un autre sans la moindre raison le temps de deux plans pour ensuite repasser au format utilisé précédemment, de passer de la couleur au noir et blanc le temps d'un plans... Pour la première fois chez Anderson, j'ai eu le sentiment que celui-ci ne faisait pas un film dans le but de raconter une véritable histoire, mais uniquement dans le but d'étaler son style visuel sans réfléchir véritablement aux raisons qui nous ont poussé à aimer son cinéma. Une surenchère d'effets de style sans âme, tout simplement.
Et par ailleurs, le "casting" prestigieux du film pousse à penser vers cette direction: il n'est pas rare qu'Anderson amène un acteur ou une actrice connu(e) pendant un temps à l'écran très réduit. Mais pousser pour avoir un casting pareil pour finalement laisser pas plus d'un plan au 3/4 du casting, ça devient de la frime, rien de plus...