Étrange apostrophe finkielienne pour introduire un film calme et cotonneux dont je suis en désaccord avec la plupart des critiques.
Douce bulle ouatée que ce dernier Anderson. Le plus pictural, probablement. Déconstruction peut-être de ce qu'est le cinéma: l'union de la littérature et de la peinture.
Car The French Dispatch c'est ça. Les Lettres d'abord, en sa découpe chapitrée de journal, son hommage nostalgique aux vieux papelards d'antan, les dialogues verbés qui s'étirent, s'interrompent et s'étirent à nouveau ou encore sa lorgnette tirée en direction de la BD, l'autre art jonction entre Lettres et Peinture.
Et du pinceau, qu'en est-il du pinceau ? The French Dispatch n'est que ça. Succession de tableaux animés par tant et tant d'idées de mise en scène sublimes (noir et blanc magnifié, plans horizontaux en mode arrêt sur image splendides, théâtre filmé génial... mais bref stoppons là les superlatifs), Anderson nous fait ici un film somme, une entrée dans son musée. Overdose trop rapide de trop de chefs d'œuvre, exactement comme quand on sort du Louvre, les mirettes débordantes, l'esprit confus. On n'a pas tout pu voir, on n'a pas tout pu comprendre, le reviens-y vous appelle déjà et vous laisse sur ce nuage ouateux dont je vous parlais en début de critique.
Et n'osez pas dire qu'il ennuie ! Anderson tient la tension, vous perd, mais vous perd sciemment. Étrange numéro d'équilibriste avec ce casting 5 étoiles en provenance des deux côtés de l'Atlantique. Et point de figuration non, juste une flopée d'images et de modèles, certains plus visibles que d'autres, certains plus vus que d'autres. Des modèles posés dans ces décors millimètrés comme les pièces d'un échiquier savant, des modèles qui se donnent tout entier, à l'instar de cette Seydoux au combien détestable dans France qui ici transpire une humaine froideur étrange. Nue. Nudité frontale d'un Anderson plus mâture, plus politique, plus complexe, plus jouissif.
Alors mes chers, prenez un ticket pour le musée, perdez-vous y, et perdez-vous y encore et encore. The French Dispatch n'a rien d'un film mineur dans la filmo andersonnienne.
PS : on parle du plan des fourgons de police dans les rues d'Angoulême... euh pardon, d'Ennui-sur-Blasé ?
PS2 : quelqu'un a vraiment dit que la scène en cartoon était dégueulasse ?