Inspiré de la vie de l’homme politique américain Gary Hart, The Front Runner est un biopic dramatique qui séduit surtout par sa capacité à illustrer, avec réalisme, le basculement de la sphère privée dans la sphère politique. A travers le parcours du célèbre sénateur, le long-métrage juxtapose en effet de belle façon différents points de vue. Celui du politique, bien sûr, mais aussi de la presse, de la famille ou tout simplement du peuple. Une multiplicité de regards qui trouve son intérêt dans le traitement subtil de Jason Reitman, le réalisateur faisant le choix – judicieux – d’équilibrer son propos sans jamais imposer de vision unilatérale. Alors certes, la thèse défendue par certains personnages peut parfois paraître discutable, mais le récit est néanmoins suffisamment fouillé que pour offrir de la consistance à chaque message. Il est d’ailleurs intéressant de constater que la plupart des protagonistes suscitent l’empathie, quel que soit leur rôle dans l’histoire. Une empathie qui n’est évidemment pas étrangère à la prestation des acteurs, l’ensemble du casting délivrant une solide interprétation. En particulier Hugh Jackman, bien entendu, qui met à nouveau son charisme au service d’un rôle engagé et plein de nuances. Bref, un film qui n’est certainement pas sans défauts, mais dont l’intelligence de l’écriture propose une vraie réflexion sur le bouleversement du traitement médiatique de la politique, et même de l’information en général.