C'est le genre typique de film à sortir de manière technique chez nous, à peine 10 000 entrées, pour un sujet d'apparence réservé pour les Américains, la campagne électorale de 1988, mais qui cache en fait un scandale qui déclenchera toute une série d'évènements dans le futur ; la vie privée se mêlant à la vie politique.
Hugh Jackman joue Gary Hart, un sénateur du Coloarado très en vue pour les présidentielles américaines de 1988. Il a tout pour lui ; il est jeune, il est beau, il est marié à une très belle femme (normal, c'est Vera Farmiga), il a une fille, il est promis à un grand avenir pour la politique de son pays mais... il va être soupçonné d'avoir une liaison avec une autre femme que son épouse. Bien celui-ci et sa maitresse (supposée) nie farouchement toute forme de relation sexuelle, le mal est fait, la machine médiatique va s'emballer, et quelques jours après la découverte de ce scoop, Gary Hart sera contraint d'abandonner la course à l'investiture démocrate.
Bien sûr, ce n'est pas en 1988 qu'on découvre que le sexe peut être mêlé à la politique, souvenons-nous des frasques de JFK, mais c'était souvent caché par les journalistes pour la bonne raison qu'il y avait une séparation entre la vie publique et privée. Seulement là, la barrière semble avoir explosée, on voit très bien ça dans le film, l'emballement médiatique, les idées de Gary Hart qui sont totalement noyées par le scandale ; c'est ce qu'on vit près de trente ans avant les réseaux sociaux.
La bonne idée qu'a eu Jason Reitman, le réalisateur, est d'avoir pris comme modèle Aaron Sorkin et sa série West Wing, tant les dialogues sont rythmés, ciselés, rapides, de sorte qu'on ne s'ennuie pas. De plus, il a tourné avec les moyens de l'époque, 35 mm, ce qui donne au film une image saisissante de cette époque, avec peu de mouvements de caméras, du grain, au point que The front runner semble avoir été tourné en 1988. Seulement, c'est au prix d'une photo que je trouve vraiment moche, constamment sous-exposée, manquant clairement de lumière... Il manque aussi un autre point de vue ; on a celui du côté de la famille, de l'épouse prête à pardonner du bout des lèvres, mais il manque celui des adversaires (républicains), qui pourraient en tirer un avantage, mais ça, on n'y a pas droit.
Reste que Hugh Jackman est tout de même très bon dans ce rôle central, celui de l’œil d'une tempête qu'il a lui-même déclenchée, tant sa défense est maladroite et impulsive ; étant le premier, il était difficile de répliquer avec les bonnes armes. Bon point également pour J.K.Simmons, un de ses conseillers, qui est un redoutable voleur de scènes.
En gros, il vaut mieux rester fidèle en tout et pour tout, et Gary Hart aura payé très cher le prix de son infidélité, bien qu'il soit encore marié (depuis 1958) avec son épouse. Très bon film, auquel il manque peut-être un supplément d'âme pour marcher totalement.