Full Monty fut le triomphe surprise de 1997, et le film qui a aidé le cinéma anglais à relever la tête avec une formule simple ; un sujet à la Ken Loach mais avec des strings !
Débutant par des archives montrant Sheffield dans les années 1970, où la sidérurgie était l'activité reine alors, la crise financière est passée par là, les usines ferment les unes après les autres, laissant sur le carreau des tas d'employés. Garry, dit Gaz, est l'un d'entre eux. Il est sans emploi après la fermeture de son entreprise, fait les 400 coups avec ses autres potes chômeurs, mais a du mal à exister aux yeux de son fils, et est menacé par son ex-femme de ne plus voir son enfant si il ne paie pas rapidement ses arriérés de pension alimentaire. Pris à la gorge, il assiste un peu par hasard à un spectacle de strip tease et quand il voit les femmes déchainées qui ont payés pour voir des mecs se dévêtir, il se dit qu'il peut le faire ; au diable la fierté, à un moment, il faut gagner des sous, quitte à finir à poil.
J'étais complètement passé à côté du phénomène à l'époque, mais je me souviens que ça avait remis en avant des titres comme Hot Stuff de Donna Summer, Sexy Thing de Hot Chocolate ou encore Flashdance. Et honnêtement, je n'avais pas vu un film aussi positif depuis longtemps, ce qu'on appelle un feelgood movie où, bien que les difficultés sont là, ces six hommes sortent la tête haute.
Évidemment, de par les musiques utilisées dans Full Monty, je suis déjà client, mais quand j'entends en plus Je t'aime moi non plus dans une scène très drôle d'audition, je suis conquis.
La particularité de l'histoire est que le numéro de strip tease en lui-même est assez bref, quelques minutes à la fin du film, mais il s'agit avant des préparatifs, de la composition de l'équipe ; des anglais pur jus, qui parlent avec leur argot (le slang), pour qui au départ faire du strip tease est un truc de pédé (c'est pas moi qui dit ça, attention, c'est dans le film), mais qui vont devoir apprendre à dépasser leurs à-priori, leurs inhibitions, de se dévoiler pour la bonne cause. Celle d'un fils qui veut être fier de son père, et des habitants de ce quartier de Sheffield qui vont peut-être y voir un message.
Les acteurs sont tous excellents, de Robert Carlyle à Tom Wilkinson en passant par Mark Addy, mais j'ai surtout été touché par ce dernier, qui est le ventripotent de la bande, et prend en considération ce spectacle de strip tease pour se dévoiler aux autres, car il a honte de son corps, mais aussi pour retrouver l'amour auprès de sa femme, dont son poids est un véritable fardeau à ses yeux.
Tout cela est traité sous l'angle de l'humour, et je me suis souvent amusé, mais sans moquerie, de ces personnages qui sont tous des gens brisés par l'économie en crise des années 1980, mais qui voient dans ce spectacle de Chippendale une échappatoire, même si elle ne serait que temporaire.
Pour moi, la scène la plus drôle du film est celle où; après avoir volé une VHS de Flashdance afin de s'en servir pour répéter les danses, tous regardent l'extrait où Jennifer Beals fait de la métallurgie ; c'est alors que Mark Addy, qui a gardé ses vieux réflexes dans l'aciérie, parle alors non pas de la danse, ni de l'actrice, mais du fait que ce qu'elle fait à cette usine est dangereux !
Du coup, je comprends mieux cet incroyable succès, car ça donne une incroyable pêche en plus d'avoir un discours social en arrière-fond, et non, je ne ferais pas de strip tease !