Revigoré par le succès critique et public de Seven, qui lui aura permit de tirer un trait sur son expérience catastrophique sur Alien 3, David Fincher récupère un script prévu initialement pour Jonathan Mostow, faisant appel au passage au scénariste Andrew Kevin Walker afin de le retoucher légèrement.
A l'atmosphère putride et nihiliste de son précédent film, David Fincher répond par une ambiance plus froide, plus feutrée, à l'image du personnage qu'il met en scène. Car loin d'être un film vide de sens comme on le pense souvent (moi le premier), The Game est avant tout le chemin de croix cathartique d'un homme hanté par le suicide de son père, un homme glacial ayant couru toute sa vie après une réussite sociale et professionnelle, au point de passer à côté de sa propre existence.
L'important dans The Game n'est finalement pas le danger potentiel que représentent les nombreuses péripéties volontairement abracadabrantesques , mais bien l'effet qu'elles ont sur le protagoniste principal, parfaitement incarné par Michael Douglas. La frustration immédiate éprouvée à la suite d'un twist final déstabilisant est du coup balayée par une cohérence encore plus palpable au second visionnage, David Fincher remettant sans cesse en question le sacro-saint libre-arbitre, celui du héros comme celui d'un spectateur balloté selon l'envie du cinéaste.
Maîtrisé de bout en bout, formellement à tomber grâce à la superbe photographie de Harris Savides, The Game est également l'occasion pour David Fincher de rendre un bel hommage à Alfred Hitchcock, à travers un thriller tendu et paranoïaque, jouant admirablement avec les apparences et les attentes des spectateurs.
Coincé entre les imposants Seven et Fight Club, The Game pourra effectivement paraître mineur et bien gentillet, mais n'en délivre pas moins un suspense diablement efficace et manipulateur doublé d'une touchante histoire d'amour filiale, le tout parfaitement orchestré par David Fincher.