Garden of Words, c'est une rencontre anodine comme on en fait tous les jours. La rencontre de personnes dont on frôle la vie par hasard pendant quelques minutes avant de repartir et de ne plus jamais se croiser. C'est aussi ces détails anodins, ou encore cette main invisible que l'on sent parfois dans son dos, qui pousse à adresser la parole et à se rapprocher.
Garden of Words, c'est se réveiller le matin en espérant la pluie, prétexte pour la revoir encore une fois, alors que l'on ne sait rien d'elle ni de ce qu'elle fait. Pas même son prénom. C'est penser à l'autre, à celle que l'on ne connaît pas et dont on se demande où elle est en ce moment.
C'est aussi ce lieu intime et retiré, comme hors du temps, ou celui-ci est comme suspendu, où la nature est célébrée dans sa beauté et sa sérénité. C'est ce banc où l'on se rapproche à mesure que les jours passent et que la pluie chante en nous offrant l'odeur du ciel. C'est cet abri où l'on s'apprend et l'on s'apprivoise un peu plus chaque jour. Où l'imagination, malgré tout, court à perdre haleine. Ce sont deux âmes fragiles et incertaines qui commmunient. Lui, adolescent animé par une passion dont il voudrait faire un métier, que l'on sent besogneux et appliqué. Qui rêve de devenir bottier. Elle est jolie et plus âgée que lui. On la devine douce mais brisée à l'intérieur, enfermée dans sa souffrance qui l'empêche d'avancer et son mal être qui se passe des mots.
Garden of Words, ce sont des sourires qui s'esquissent, des volontés de prolonger le moment et de dire merci. Car celui qui crée des chaussures va aider à marcher celle qui ne le laisse pas indifférent malgré la différence d'âge. Jusqu'à dire d'une même voix qu'ils n'ont jamais été aussi heureux.
Garden of Words, ce sont enfin les mots, les sentiments que l'on avouent, qui font mal autant qu'ils libèrent. C'est trébucher dans sa course. S'égratigner et se faire mal. Tomber pour mieux se relever. Jusqu'aux larmes et l'étreinte. Parce qu'on a réussi à aller vers l'autre.
Makoto Shinkai poursuit sa recherche du sentiment amoureux, un peu mélancolique. Aussi beau que fragile, doux et douloureux à la fois. Dans ses yeux, il est aussi timide qu'exacerbé quand les larmes sont le prélude à une étreinte libératrice. Avant l'éloignement et l'espoir, le désir de la revoir. Et au point de rendez-vous connu d'eux seul, sous cet abri, sur le banc qui les a vu se rencontrer pour la première fois, une paire de chaussures. Pour que ces deux là, une fois réalisés ou reconstruits, puissent marcher le plus loin possible... Ensemble.
Behind_the_Mask, sous la pluie.