Ils ont produit autant de films décérébrés que de chef d’œuvres indés !
Qui n’a pas un jour entendu parler de la Cannon ? Pour ma part c’est un peu grâce à cette société de production que j’ai pu découvrir le cinéma. Bloodsport (le film qui révéla « JCVD » Jean-Claude Van Damme) a été un de mes premiers films coup de cœur et je n’en ai pas honte.
Enregistré à la télé, à l’époque sur VHS, ses visionnages étaient l’occasion de voir des combats entre potes et de partager un bon moment ensemble. D’ailleurs la Cannon a connu son essor avec les vidéoclubs.
Fondée en 1979 par Menahem Golan et Yoram Globus, Surnommés les Go-Go Boys par Newsweek (magazine d’actualité US), La Cannon Group a marqué la production américaine part ses petites séries B au budget (sur)gonflées. Souvent décriées par la presse, elles ont eu un capital de sympathie énorme auprès du public. En 1983/84, ils ont produit plus de films que n’importe quel grand studio. Ils étaient qualifiés d’infatigables. C’est le seul studio indépendant considéré comme une « major » dans cette période.
Menahem, directeur général, était avant tout un cinéaste. En 1963, il avait fondé déjà avec son cousin Yoram la Noah Films avec des succès locaux. A eux deux, ils ont produit plus de quarante films, dont un bon tiers constitue les plus gros succès du cinéma israélien. En rachetant cette petite compagnie de production, ils investissent Hollywood en produisant des films destinés au public adolescent. Ils visent ainsi de plus en plus le marché international. Il n’y a qu’à voir leurs escapades cannoises avec les grands renforts publicitaires sur la croisette.
Ce sont donc de sacrés personnages tous les 2. Il n’y a qu’à voir leur méthode de production. Tout ce que Menahem voulait, Yoram arrivait à lui obtenir. Un vrai duo complémentaire sagement reconstitué dans ce documentaire qui s’attarde plus à retranscrire le côté humain plutôt que de mettre en avant leurs films (comme on pourra voir dans Electric Boogaloo : The Wild, Untold Story of Cannon Films de Mark Hartley). On a les interviews d’époque qui viennent compléter l’entretien de la réalisatrice avec les 2 hommes (juste avant la mort de Menahem le 8 août 2014). on découvre d’une manière attachante l’ascension des deux hommes. La naissance de leur empire jusqu’à sa déchéance.
Réunis de nouveau pour les besoins du film (ils ont longtemps été brouillé suite à la liquidation de la société en 1989) les retrouvailles sont marquées d’une réelle émotion. Les archives bien mis en avant montrant Golan comme un homme passionné et un peu borné à vouloir connaitre le succès. C’était un boulimique du travail. Les deux hommes reconnaissent également avoir délaissé à un moment leur famille respective. Il n’y a qu’à voir les exigences de Golan sur certains documents. A chaque fois Globus arrive à avoir le budget adéquat mais il était souvent dépassé. Il faut dire que Menahem ne lésinait en rien ses productions. C’était au fond des séries B de luxe qui se rapprochaient d’une série A. D’ailleurs ce qui est curieux c’est qu’ils ont produit autant de films « décérébrés » avec Chuck Norris, Charles Bronson, Stallone et Van Damme; que de l’auteur comme avec le film King Lear de Jean-Luc Godard, Torrents d’amour de John Cassavetes ou encore Pirates de Polanski. C’est ce qu’on peut appeler un sacré grand écart culturel (...) COLIN
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