Sorti en parallèle de Electric Boogaloo, The Go-go boys revient sur la carrière de Menahem Golan et Yoram Globus, plus connus pour avoir crée la fameuse société de production Cannon, avec son fameux vivier à nanars (mais pas que). Contrairement au film de Mark Hartley, celui-ci se veut plus officiel, car les deux cousins sont présents, et reviennent sur leurs débuts en Israël (avec une version de Porky's qui fera un tabac dans ce pays) où leur ambition leur a fait prendre l'avion direction l'Amérique.
Contrairement à Electric Boogaloo, ce docu-ci a une dimension plus hagiographique, moins rentre-dedans envers ses créateurs, mais on apprend encore des tas de choses, surtout sur Menahem Golan, qui est un vrai fondu de cinéma mais dont la boulimie forçait son cousin Yoram Globus à trouver sans arrêt de l'argent pour alimenter ses dépenses dispendieuses. Ainsi, il va créer un précédent en payant pas moins de 12 millions de dollars Sylvester Stallone afin qu'il joue dans Over the top ... un film sur le bras de fer ! Ce qui ne servira à rien vu le four à sa sortie.
On a ainsi quelques invités comme Jean-Claude VanDamme (qui revient sur son envie d'être acteur, l'occasion lui sera donnée avec Bloodsport), Michael Dudikoff (qui a la même tête que dans les années 80), Andreï Konchalovski et Jon Voight (parlant de l'audace de la Cannon d'avoir produit un film comme Runaway Train), mais si ceux-ci sont moins nombreux que dans Electric Boogaloo, la personnalité hors norme de Menahem Golan emporte le morceau. Même si il apparait à l'écran très fatigué (le documentaire a été terminé quelques mois avant sa disparition), il est souvent touchant sur son envie de cinéma, et à 85 ans, avait encore des tas de projets, dont celui de remporter un Oscar.
A l'inverse, Yoram Globus est plus réservé, mais il était le financier du duo, celui qui devait éponger les dettes laissées par son cousin.
La chute de la Cannon, provoquée par l'échec de Superman IV et des achats onéreux de salles de cinéma, est largement évoquée dans le docu, à l'aide d'archives, et conduira à la séparation des deux cousins, et donc la fin du studio. On sent chez Golam une amertume à ce sujet car il se rend bien compte que tout ça a été fait sur le compte de la précipitation, et que eux deux ont perdu vingt ans à cause de ça, à choisir d'autres voies. Ainsi, après avoir été brièvement patron de la MGM, Globus reviendra avec son cousin (qui avait crée une société éphémère, 21st century) en Israël produire et réaliser des films qui nous sont inconnus.
A ma grande surprise, le film ne fait pas doublon avec Electric Boogaloo ; je dirais même qu'il y a une grande complémentarité, les deux faces d'une même pièce, peut-être plus touchante car on voit Golam au soir de sa vie, mais il n'y a pas vraiment de côté moqueur à leur égard.
Ce que je retiendrais de ce docu, c'est, outre les nombreuses archives, dont la fameuse nappe signée avec Jean-Luc Godard pour la réalisation de King Lear, c'est le pétage de plombs de Menahem Golam quand la réalisatrice va lui demander de parler de Superman IV, véritable fiasco qui conduira la Cannon à sa perte.