Une grande comédie, sans autoparodie. (hystérie inside)
Parce que je suis fan du bonhomme et que l'excitation montait depuis plusieurs mois déjà, je me suis bien sur laissé aller à lire les premières critiques spectateurs du nouveau Anderson. Du coup j'ai attendu une bonne semaine avant d'y aller, sensiblement refroidi par les commentaires du genre "c'est fidèle à son cinéma mais ça manque d'émotion". C'est précisément (avec le recul) ce que je reprocherais à Moonrise Kingdom qui tombait un peu trop dans le film de niche, avec une nostalgie poussive pour la première fois en 7 films, et des ficelles trop visibles.
Mais QUE NENNI! Anderson a pris toutes les bonnes décisions pour faire de The Grand Budapest Hotel un film qui réjouira autant les fans que les néophytes. Je m'explique
- Jusqu'ici plus affairé à dresser des galeries de portraits plutôt que de tenir un récit de bout en bout, le grand Wes a construit un vrai récit avec rebondissements, suspense et humour qui existe très bien par lui même malgré un défilé ininterrompu de personnages toujours aussi géniaux (le méchant campé par Dafoe <3)
- Le soin maniaque apporté aux décors, à l'univers complètement dingue, est toujours aussi brillant et reconnaissable entre 1000 mais il est à chaque instant au service de l'histoire et de la vie de ses personnages. Pas de sensation de légère suffocation, Anderson a beau ne jamais décevoir de côté là, il s'est quand même surpassé (le budget doit être énorme) sur celui ci. C'est beau, c'est grandiloquent mais tellement au diapason de l'histoire que cet immense hôtel semble même avoir sa propre dynamique!
- Le rythme de ma-la-de : ça défile, tous les acteurs fétiches (ou presque) sont là et on a à peine le temps de savourer leur découverte (Oh Schwartzman! Oh Goldblum !) que le film continue de foncer (la séquence de ski!). On rit beaucoup, on sursaute (!), on penche un peu la tête avec un aww attendri quand on en a le temps. Les aficionados apprécieront d'être un peu bousculés par ce régime survitaminé, les autres suivront sans sourciller.
- La comédie, toujours présente dans ses précédents films mais plus volontiers associée à la nostalgie de ses personnages (Zissou en tête) est ici plus directe. Anderson s'amuse même de son propre cinéma plutôt que de s'autoparodier (à la différence de Burton) et on se marre sans se moquer un seul instant.
Et on en ressort émerveillé, avec une banane gigantesque.