À chaque fois,c'est la même histoire. À chaque fois,je me jettes goulûment sur le dernier Wes Anderson,attiré par le casting éléphantesque,les promesses d'un visuel chatoyant et le style vintage inimitable. À chaque fois aussi,j'en ressors mi-figue mi-raison. J'aimerais tant l'aimer plus que ça,ce "Grand Budapest Hôtel". Il est très bien comme il est est,d'une inventivité débridée sans limite,avec un sens remarquable du timing cartonnesque,du cadre précis et chargé en mille et une trouvaille visuelle. Malheureusement,il demeure très pauvre en envolées émotionnelles et cette célébration constante de la nostalgie(de la mort?)finit par le déconnecter de la réalité. Ses personnages ressemblent à des marionnettes,et seuls des acteurs chevronnés peuvent leur donner autant de vivacité. À ce titre,Ralph Fiennes en maître d'hôtel précieux et prévenant marche sur l'eau,et sa complicité avec le jeune acteur guatémaltèque crève les yeux. Wes Anderson,plus que jamais dandy épicurien,fait de cet hôtel oriental un refuge rassurant et revigorant,et s'autorise aussi des excursions plus mélancoliques en prison,plus dramatiques à bord d'un train. Un film qui mérite ses superlatifs en guise de qualificatifs,mais qui se regarde trop le nombril.