The Grand Budapest Hotel, une pointilleuse leçon de style.
Présenté cette année en film d’ouverture de la Berlinale, le nouveau Wes Anderson n’aura mis qu’une dizaine de jours pour devenir un succès en France.
A la fin des années soixante, un célèbre écrivain, seul dans ce qui fut un célèbre palace de prestige, en rencontre l’étrange propriétaire autour d’un émouvant diner. Ce dernier l’entraine dans ses souvenirs rocambolesques, du temps où il n’était qu’un jeune lobby-boy en uniforme violet. Retour dans les années trente. Retour dans le cadre magique d’un palace rose bonbon dans les cimes enneigées des montagnes. Bienvenue dans l’univers maniéré et délirant de Monsieur Gustave H., maitre d’hôtel des plus raffiné de la nation fantasmée de Zubrowka. Monsieur Gustave porte L’Air de Panache, séduit de riches héritières et assiste impuissant à l’effondrement de la vielle Europe. Retrouvé impliqué au sein d’une histoire d’héritage, emprisonné mais ne perdant jamais le sens de l’humour, il fait vivre à son jeune employé une odyssée des plus singulières.
Ce qui frappe en premier lieu dans ce conte hivernal, c’est ce flagrant contraste entre la légèreté sans faille qui en ressort et la gravité des thèmes abordés. La narration complètement dépaysante et inventive nous entraine d’aventures en aventures et flirte entre plusieurs genres. Traque de longue haleine, course poursuite en ski, évasion de prison, défenestration de chat, le rythme, soutenu par l’excellente musique d’Alexandre Desplat, ne faibli jamais.
Ironique dans la morbidité, The Grand Budapest Hotel bénéficie en outre d’une réalisation soignée. La mise en scène est d’une telle richesse visuelle et sonore qu’elle ne peut être que définie comme savoureuse. Panoramiques très appréciables, façon de cadrer pointilleuse, fluidité méticuleuse, on sent tout un appréciable travail technique en amont. Poétique à souhait, le film peut également compter sur des acteurs irréprochables (si l’on met néanmoins de côté Léa Seydoux) auxquels le réalisateur offre des rôles attachants et développés. Mention spéciale au duo Ralph Fiennes - F. Murray Abraham des plus hilarants.
The Grand Budapest Hotel c’est en résumé 99 minutes de pur régal au sein d’un cadre visuel kitsch et coloré. Presque addictif. Une vraie leçon de style par un maitre absolu de la création qui n’a désormais plus à faire ses preuves.