Un peu bizarre ce film. Mais la bizarrerie n'excuse pas tout.
Si le délire initial est prometteur, l'exploitation est un peu décevante : le délire ne semble pas exploité avec jusqu'au-boutisme malgré le sentiment que tout cela est bien assumé. C'est sans doute le manque d'objectif principal et donc de structure qui rend le film si long et si mou par moment, et non pas l'humour si particulier. Parce que l'univers, cousin lointain nourri au disco d'un John Waters de ses début, est assez plaisant, cohérent, intéressant. Il n'y a pas beaucoup de gens normaux, mais ça ne dérange pas, on trouve une forme d'équilibre peut-être parce qu'au final, ces gens sont une version à peine exagérée de notre monde. Il reste tout de même quelques scènes géniales, un humour particulier mais pas si original que ça (les nouvelles comédies US indé mais aussi mainstream ont bien préparé le terrain).
Visuellement, malgré un petit budget c'est quand même très joli. Y a de belles couleurs, de belles lumières, des décors complets, des costumes chatoyants. Le costume greasy est un peu cheap, je l'aurais voulu plus dégueulasse, plus dégoulinant, mais le côté fauché ajoute au moins une note d'humour supplémentaire à cet univers déjà barré. Les acteurs ont de sacrées gueules et en jouent bien ; de plus, on peut les féliciter pour avoir osé jouer de tels rôles vu qu'ils sont à poil la plupart du temps (avec prothèses ou postiches) ; en plus y a Elizabeth De Razzo déjà aperçue notamment dans "Eastbound and down" et toujours aussi à l'aise à se montrer nue devant la caméra. La musique complète bien l'esthétique si particulière. Les effets spéciaux sont assez réussis : j'ai l'impression qu'il y a un mélange bien dosé entre l'artisanal et le numérique (je serais bien curieux de voir un making of).
Bref, c'est assez particulier. Je devrais mettre 6 mais bon allez, c'est tellement curieux à suivre que je me montre généreux et encourageant. J'espère juste que Elijah Wood continuera de nous produire des films si bizarres.