Richard Farnsworth est d'une douceur aussi incroyable qu'appropriée pour donner corps au légendaire Grey Fox aka Gentleman Bandit aka Ezra Allen Miner aka Bill Miner, un bandit de l'Ouest américain qui officia d'abord comme voleur de diligences avant de passer aux trains. Cet aimable malfrat, particulièrement réputé pour sa courtoisie même lors des holdups, fut profondément marqué par ses 33 années passées en prison jusqu'en 1901, au tournant du siècle, et par la révélation d'un des premiers films de l'histoire du cinéma : The Great Train Robbery. Perdu dans ce nouveau siècle qu'il ne comprend plus trop, ce court-métrage donna en quelque sorte un nouveau sens à sa vie puisqu'il comprit alors que c'était ce nouveau moyen de locomotion vers lequel il fallait désormais se tourner.
Miner est autant connu pour sa politesse presque incongrue que pour être l'auteur de la phrase "Hands up!", et Farnsworth dégage un charme très singulier, très attachant, pour illustrer ce comportement de gentleman au début du 20ème siècle. Son sourire naturel et malicieux, légèrement dissimulé derrière sa moustache grisonnante, en fait un personnage vraiment charmant, tout à fait conforme à l'image d'un hors-la-loi à la Robin des Bois, plus du côté des mineurs qui charbonnent que des magnats cupides des chemins de fer. Sans trop en faire, l'image d'un anachronisme ambulant domine, saupoudré par-ci par-là d'une dose de romance sensible et pas trop envahissante — un peu comme le récent The Old Man & the Gun avec Robert Redford.
Le réalisateur canadien Phillip Borsos se sert du personnage pour dépeindre de manière tendre et poétique cet ancien monde, l'Ouest sauvage du côté de la Colombie britannique, à une époque charnière.
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