Le nouveau film d’Alonso Ruizpalacios, La Cocina, est le film que nous ne savions attendre : une exploration éblouissante d’une journée dans la vie de la crise des migrants que les mondialistes ont déclenchée en Occident pour assouvir leur rêves politiquement correct de colonisation.


Situé dans les coulisses de la cuisine de “The Grill”, un restaurant haut de gamme du Manhattan, La Cocina est adapté librement d’un drame de 1957 du dramaturge britannique Arnold Wesker, The Kitchen, mais Ruizpalacios repense cette pièce dans les moindre détails. Le terme actif « repenser » décrit comment La Cocina fait appel à nos intérêts cinématographiques et politiques. Ce n’est pas seulement le film de l’année, c’est une source d’inspiration pour notre ère.


De multiples personnages, traversant plusieurs pays pour poursuivre des carrières qualifiées ou non, convergent à New York – où l'idée de diversité ethnique non seulement définit son histoire, mais est désormais devenue une arme politique créée par une invasion parrainée par le gouvernement que l'actuel maire de New York a a dit "va détruire cette ville" (ou en Europe, on semble préférer taire tout ça). Cette menace maintient tout le film en suspens.


Ruizpalacios, dont la filmographie sans tache explorait jusqu’à maintenant les tensions à Mexico, observe ici les pressions de la diversité internationale – entre les cultures, les sexes et les castes. La petite immigrante Estela (Anna Díaz) arrive du Mexique à la recherche d'un travail promis par l'ami de la famille Pedro (Raúl Briones), qui est chef de cuisine pour The Grill, propriété de l'entrepreneur musulman Rashid (Oded Fehr). L’ambition de Pedro inclut sa romance avec la serveuse blonde américaine Julia (Rooney Mara), dont la grossesse affectera directement son dynamisme et son assimilation.


Ces relations se répartissent entre le personnel nombreux et houleux – Mexicains, blancs, italiens, noirs, musulmans, albanais et dominicains, une panoplie de types dont l'individualité rend l'action vivante, opportune, mais aussi imprévisible…


Ruizpalacios perce la réalité contre un naturalisme théâtral en contrepoids avec cette cinématographie en blanc et noir: Estela rencontre la comptine d'un poète, l’homme pizza, de rue qui brouille le sens de « Times Square », et se voit dans le tumulte des situations et des comportements liés à l'emploi et à l'autosuffisance. Ruizpalacios transforme des points sociologiques en motivation personnelle, tout comme il l'a fait dans son remarquable premier film Güeros. Mais La Cocina tire les idées les plus profondes de Wesker, qui a anticipé la dynamique sociale passionnante et réelle que nous associons à Robert Altman et Mike Leigh.


Wesker était reconnu comme le premier adepte du théâtre britannique à « dramatiser le travail » (dérivé des sympathies socialistes de l’Angleterre). Dans The Kitchen, Wesker a suivi le décorum, du badinage amical au vernaculaire hostile que les collègues maintiennent juste pour passer la journée. Ruizpalacios met à jour ces détails, évoquant le stress mondialiste de personnalités locales et étrangères qui luttent pour tolérer leurs rivaux dans des sociétés fragmentées et communautaires.


Sans aborder directement la transformation démographique provoquée par le Forum économique mondial avec le soutien émotionnel de la gauche, La Cocina observe ses effets – dans la hiérarchie de la classe ouvrière, les interactions personnelles et les différences entre autochtones et immigrants. Pedro et Julia sont attirés par les opposés et attirent le désir et c’est la où le film voit juste et le montre en beauté charnelle. Ce n’est pas tout à fait une histoire d’amour, mais la leur, avec son lot d’égoïsme associé, une tragédie commune et réaliste.


Les images de Ruizpalacios (photographiées par Juan Pablo Ramírez) évoquent les premiers Godard,  la profonde aliénation de Pedro (« Je suis foutu dans l’âme, ce qui est plus difficile à réparer ») à la grossesse en robe rayée de Julia. Mais il va plus loin que Godard lorsqu’il décrit avec des détails sanglants le cynisme de l’avortement de Julia à la pause-café.


Il surpasse le stupide mélodrame paysan Roma d’Alfonso Cuarón, reprochant intentionnellement sa sentimentalité millénaire à l’égard de la classe et du travail. Le dialogue bilingue, principalement espagnol, présente notre Babel du millénaire : un choral des grossièretés entres les groupes ségrégués. C’est un langage authentique du nouveau monde qui laisse perplexe Pedro : « Vous continuez à l’appeler l’Amérique, mais l’Amérique n’est pas un pays. »


Nous perdons la sagesse de Wesker sur le capitalisme – rêves contre espoirs – que les envahisseurs d’aujourd’hui ne semblent pas accepter.


La Cocina semble originale. Bien que certainement inspiré par la vision de Wesker, Ruizpalacios répond à la calamité de l’invasion « L’Amérique n’est pas un pays » que certains reconnaissent comme le plus grand crime de l’histoire des États-Unis d’Amérique. Mais jusqu’à présent, aucun autre cinéaste n’a répondu. (L'immigration trouve un écho médiocre dans le cinéma français des vingts dernières années.) Le génie de la pièce de Wesker sauve le libéralisme un peu avouée de La Cocina. Quand c’est du bon, la netteté et l’audace rectifient les mensonges des médias sur nos frontières affaissés et en font le film d’Altman qu’il faut aujourd’hui.

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le 1 déc. 2024

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