Du nouveau pour pas grand chose ...

Trois ans après son très sympathique Le Fondateur, gagné par un Michael Keaton dans son rôle parfait de riche businessman sans foi ni loi, le réalisateur John Lee Hancock propose pour son septième film, un nouveau biopic sur deux icônes de la pop culture : Bonnie et Clyde, dans The Highwaymen. The Highwaymen est donc un film Netflix qui après avoir réussi à faire venir des réalisateurs de talent comme Bong joon Ho, Alfonso Cuaron ou encore les frères Coen, convainc John Lee Hancock de réaliser son nouveau film pour la plateforme. En effet, Netflix semble désormais avoir franchi un cap cette année en décrochant notamment un Oscar avec le film Roma d'Alfonso Cuaron et fait donc ressentir à travers cette nouvelle production, une envie de s'épanouir dans tous les genres et de se diversifier. Mais alors que donne ce film ?

Et bien tout d'abord, au détriment de la facilité, le réalisateur prend le pari de raconter l'histoire du plus célèbre duo de gangster des Etats-Unis par le prisme des hommes chargés de traquer ces derniers, à savoir: Frank Hammer (Kevin Coster) et Maney Gault (Woody Harrelson), tous deux anciens Texas Rangers à la retraite. Le film commence par une scène d'évasion où Bonnie Parker et Clyde Barrow aident des prisonniers à s'enfuir en tuant notamment quelques policiers par la même occasion. Dans cette scène, on ne peut distinguer que les jambes, les bras, ou la voiture du duo de malfaiteurs. Aucune partie du haut de leur corps ni de leur visage n'est visible, comme pour annoncer au spectateur : Bonnie et Clyne ne seront pas les stars ici, il s'agit seulement d'une trame de fond qui va permettre de guider le récit. Aussi après 10 premières minutes bien amorcées
et une bonne introduction des personnages, le terme "Highwaymen" est pour la première et seule fois du film énoncé, transcrivant alors le rôle de la "police de la route" auquel vont être affiliés nos deux personnages principaux ex-Texas Ranger. Le film nous promet alors un road trip à l'américaine dans une ambiance années 1930, un film de paysage, de dialogue et de traque policière guidé par deux acteurs de talent (Woody Harrelson et Kevin Foster). D'autre part le film a été réalisé avec un ratio 2.85 qui nous annonce aussi des plans très large pour nos hommes de la route.

Seulement ces plans là apparaissent réellement après une demi heure de film et dans le dernier quart d'heure. Entre temps, on a l'impression que le film enchaîne les scènes inutiles (dans des bars, des cafés, des courses poursuite avec un enfant). On essaie de tout nous raconter mais c'est beaucoup trop long et sans intérêt. Là où le scénario promettait les deux Highwaymen comme égérie du film, ces derniers sont beaucoup trop dépendant de Bonnie et Clyde et le film n'avance pas tant que les deux brigands n'ont pas bougé. Aussi la trame principale du film n'est-elle pas intéressante : Frank et Maney sont souvent en retard, ils rencontrent sans cesse Bonnie et Clyde par hasard et les solutions viennent à eux tout simplement comme si le scénario venait les apporter sur un plateau en argent. Si les scènes de dialogue sont rattrapés par un Woody Harrelson qui comme toujours, sait être drôle tout en donnant de la profondeur à son personnage, on a tout de même 2h12 de film et le scénario avance tout seul sans jamais créer de rebondissement, c'est assez long.

Néanmoins, si on a attendu 1 heure 40 avant de voir la résolution finale, on s'éclate vraiment dans les 15/20 dernières minutes. Une stratégie et un plan sont enfin mis en place par nos deux hommes de la route. Ils réussissent alors a tuer les deux truands dans un bain de sang qui ne finit jamais par de multiples tirs aux armes à feu, comme si ils souhaitaient rendre toutes les balles qu'ils avaient usé pour perpétrer leurs crimes. De plus, un réel propos est développé sur la culture de la violence aux Etats-Unis, que ce soit par l'histoire racontée par Maney, par l'encouragement tout au long du film des adeptes de Bonnie et Clyde ou bien lors de l'arrivée théâtrale de la voiture dans laquelle siègent les deux cadavres de ces derniers et auquels les villageois tentent d'en retirer des souvenirs (bracelets, chapeaux, montres,...) . Seulement, ce propos résonne un peu comme un aveu d'échec du style: "on pas réussi à faire un film sur les highwaymen du coup on repart sur l'idée du mythe Bonnie et Clyde".

Au final, cette nouvelle proposition Netflix sait se montrer agréable par une réalisation entreprenante, mais le scénario est beaucoup trop linéaire et dépendant de Bonnie et Clyde ne laissant parfois plus de place au développement des personnages principaux.