Je te tue – Je ne te tue pas – Je te tue – Je ne te tue pas - Je te tue presque – Je ne te tue pas – Je les tue tous – Je ne la tue pas …
Je prends une voiture – je prends une seconde voiture – je prends une troisième voiture – j’abandonne la voiture
Je prends un passager – Je prends deux passagers – Je prends trois passagers – Je me débarrasse des passagers – et d’autres quidams – et de la voiture.
Je roule – je fais une pause (repos) – je roule – je fais une pause (courses ou pipi) – je roule – je fais une pause (essence) – je roule – je fais une pause (camping) …
Il est question (au début) d’une vendetta contre un ancien truand qui a donné ses complices. Puis d’une traversée de l’Espagne, direction Paris. Par chance (pour le spectateur) la traversée sera quand même écourtée, une histoire de frontière.
Il y a essentiellement quatre personnages et quelques silhouettes inutiles (on peut même s’interroger sur l’utilité des quatre principaux protagonistes –
John Hurt a les cheveux plaqués en arrière. Il est très gominé et très taiseux. Il voudrait avoir l’air méchant.
A la fin, il est déguisé en berger basque (sans les échasses) ou en passeur de réfugiés à travers les montagnes pyrénéennes (mais il n’a plus que lui à passer).
Il voudrait avoir l’air mystérieux et méchant. Il n’est qu’insupportable.
Tim Roth a les cheveux peroxydés, blonds comme des blés roux et il a l’air d’avoir quinze ans. Il voudrait avoir l’air méchant mais il est encore plus insupportable que John Hurt.
On est soulagé lorsqu’il sort enfin du film. Mais c’est presque à la fin.
Laura del Sol est sensée avoir seize ou dix-neuf ans (grosse interrogation posée au début du film). Elle a plutôt l’air d’en avoir trente-cinq et elle semble constamment se demander ce qu’elle est venue faire ici. Nous aussi.
Terence Stamp propose son énième interprétation / variation (depuis Théorème) de la figure christique – ici à base de sourires béats et d’indifférence manifeste pour le rôle et pour le film.
Il y a aussi Fernando Rey, le double en acteur de Luis Bunuel – mais lui ne sert strictement à rien.
Quant à Stephen Frears, après quelques beaux plans au tout début du film, un beau travelling vertical sur un immeuble et de beaux paysages, il passe aux abonnés totalement absents. Le voyage se poursuit alors de façon aussi répétitive qu’aléatoire.
D’aucuns verront dans The Hit une méditiation profonde sur la vie et la mort, sur la sérénité face à l’heure de la mort programmée (oui mais que faire en cas de changement de programme , vaste question ?) et dans le voyage une métaphore de la vie.
Ou du vide ?