Porté par un joli sens du dialogue ainsi qu’une volonté de philosopher sur la mort et son acceptation, The hit manque d'un soupçon de réalisme, voir d’une pincée d’idée, pour se rendre plus convainquant.
Son principal intérêt est, à n'en pas douter, son casting de tronches charismatique issues du cinéma britannique. A commencer par celle de Terrence Stamp, qui campe dans The hit un homme résigné censé apporter au récit un soupçon de sagesse. Face à son calme imperturbable s’agite John Hurt, son total opposé, un tueur froid, méticuleux, pas aussi insensible qu'il souhaiterait l'être, puisqu’il se laisse à l’occasion submerger par ses remords, mais suffisamment décidé pour presser la détente au moment opportun. The hit est aussi l'occasion de voir évoluer pour la première fois à l'écran Tim Roth, énergique et cabotin … un peu trop cabotin !
Devant cette proposition atypique du film de hitman, on se laisse acheter sans rechigner par l'idée du road movie rédempteur, tant l'effort de proposer quelque chose de différent est appréciable. Mais le manque d'empathie qu'on finit par éprouver pour ces personnages un peu trop stéréotypés fait qu'on avale les kilomètres sans réellement se souvenir du paysage. Toutes ces très fortes personnalités, auxquelles on devrait pouvoir s'identifier un minimum, semblent bien lointaines, en tout cas si peu réelles qu'il est difficile de se laisser emporter par leurs destins respectifs.
Il y a bien le côté grand sage de cette victime acceptant son sort qui permet de construire un message dont la portée philosophique est intéressante, mais il reste à mon sens inexploité, trop altéré par certains choix d'écriture quelque peu discutables. Quid par exemple de l'intérêt de ce sidekick idiot, nerveux et instable, qui trouve certes en la présence de Tim Roth une fraîcheur bienvenue, mais paraît trop exagéré.
Heureusement, à ces quelques points noirs se substitue une jolie mise en scène, qui offre peu de moments énergiques, mais qui font leur petit effet quand ils surviennent. On se prend alors à imaginer tout un film à l’image de cette séquence magique où les deux tueurs trouvent un squatteur dans leur supposé QG.
Mais ce n’est pas le cas; outre quelques idées intéressantes, un postulat de départ classique, reposant sur un contrat à exécuter, mais traité de manière atypique à l’occasion d’un Road Movie singulier, The hit ne parvient pas à tirer le maximum de son potentiel. La faute à des personnages qui en font un peu trop et une seconde partie laborieuse. Restent des acteurs investis et des dialogues cinglants qui permettent tout de même de passer un moment sympathique.