Nancy Meyers n'a jamais été très douée,seul l'excellent "Ce que veulent les femmes" relève le niveau de sa filmo,mais là elle touche le fond.Comme dans ses autres films,elle fait tout sur "The holiday",réalisatrice,scénariste et productrice,alors qu'elle aurait été mieux inspirée de ne rien faire du tout tant cette comédie romantique à l'eau de rose,apparemment destinée à un public de midinettes hébétées qui se seraient enfilé trop de Barbara Cartland en intraveineuse,est un concentré de lieux communs niais et mièvres et un résidu de courrier du coeur revu par Disneyland.Donc,une anglaise et une américaine échangent leurs maisons pour les vacances.Le thème pourrait sembler original,ce genre de plaisanteries devenant très à la mode dans notre beau monde démocratique occidental en proie à la faillite financière et poussant les citoyens à se révéler malins.Le troc,le co-voiturage,l'échangisme,prête-moi ta femme je te filerai ma tondeuse,toutes ces solutions à l'arrache pour impécunieux qui veulent quand même croquer dans le grand gâteau du marché mondialisé,se répandent aujourd'hui pire que le SIDA dans les backrooms.Mais même pour ça,Meyers arrive dix ans trop tard,le sujet ayant déjà été traité au cinéma en 1995 dans "Un divan à New-York",film d'ailleurs fort calamiteux de Chantal Akerman."The holiday" fonctionne sur le montage parallèle,qui nous fait suivre alternativement le cheminement des deux filles dans leur nouvel environnement,et sur l'opposition caractérielle de ces nanas bien différentes.L'anglaise est romantique,timide et discrète,la ricaine autoritaire,explosive et extravertie.Bonjour les clichés.Mais attention,ces différences ne sont que de façade car elles ont en fait plein de points communs.Toutes deux viennent de vivre une rupture amoureuse douloureuse à cause de salauds de mecs,en avant pour le couplet féministe,et ont choisi à cause de ça de changer d'air.Et toutes deux vont mettre à profit cette parenthèse dans leur vie pour trouver le véritable amour,le grand,le beau,l'ultime,en rencontrant les types les plus cools de la Terre.Meyers est parvenue à réunir ici un casting de luxe,et heureusement car c'est le seul repère qui permette de distinguer cette oeuvre des dizaines de téléfilms de Noël remplis de guimauve gerbante dont les chaînes nous gavent en ce moment,la mise en scène étant totalement dépourvue d'idées autant que d'entrain.Quant au message,il a de quoi vous faire remonter des profondeurs votre dernière ingestion de hamburger arrosé de Coca,et se lit ainsi:regarde les riches,comme ils sont beaux,sympas,généreux,respectueux,surtout à Hollywood,contrée bien connue pour être peuplée de Bisounours.Parce que dans ce film,tout le monde bosse dans l'art et ses environs:réalisatrice de bande-annonces,journalistes,éditeur,compositeurs de musiques de films,scénariste,et tout le monde est trop gentil,trop sensible,trop délicat,trop à l'écoute de l'autre,bref le monde parfait des merveilles mais en mieux.Et tout le monde est plein aux as et ne voit aucun inconvénient à se balader entre l'Angleterre et L.A. aussi facilement,sinon plus,que vous iriez à Noeux-les-Mines.Le vieux scénariste est tellement craquant,surtout pour ce qui est de l'ossature,et tellement modeste.Imaginez,il a gagné un Oscar,ça risque pas de t'arriver Nancy,et il n'en fait pas état,se contentant de le laisser traîner négligemment dans un coin du foutoir de son bureau,c'est d'un chic!Et la rosbif,sa meilleure amie qu'il connaît depuis 48 heures,qui est tellement dévouée et va lui réapprendre à marcher,en 48 heures chrono aussi,fuck les toubibs,simplement en lui faisant traverser deux fois la piscine,un vrai miracle!Et le frère de l'anglaise,tellement beau gosse qu'il se fait l'américaine dix minutes après l'avoir rencontrée,mais tellement tourmenté parce qu'il est tellement veuf,sortez les mouchoirs,et tellement responsable car il s'occupe tellement bien tout seul de ses deux petites filles tellement adorables.Vous l'aurez compris,pas besoin après avoir visionné un truc pareil de se coller deux doigts au fond de la gorge,ça vient tout seul.Et les acteurs,dans ce merdier?Eh bien,les pauvres,manifestement livrés à eux-mêmes en l'absence de toute direction,ils essaient de compenser la nullité abyssale des dialogues et la stupidité crasse d'un scénario ultra-prévisible en surjouant comme des attardés mentaux,ce qui évidemment n'améliore en rien le niveau d'un film qui aura au moins réussi l'exploit de rendre ridicules les comédiennes fabuleuses que sont Kate Winslet et Cameron Diaz.A noter la surprenante présence dans cette mascarade de ce vieil Eli Wallach qui n'était donc pas mort,ce qui constitue la seule bonne nouvelle du film.