Dans le genre film pas folichon, le quatrième long-métrage de et avec Tommy Lee Jones, se pose là.
Adapté d’un bouquin, filmé sobrement, avec de très beaux cadres et des plans parfaitement composés et montés.
Le film alterne, surtout au début, un ton espiègle (le court personnage interprété par Evan Jones est irrésistible, le personnage incarné par Tommy Lee Jones n’as pas la langue dans sa poche et se montre espiègle) et extrêmement dur. Ainsi parallèlement au quotidien de Mary Bee Cuddy, nous voyons les vies des trois autres femmes, avec des scènes très crues voire insoutenables : l’une, la plus jeune est retombée en enfance, la deuxième un peu plus âgée, suédoise est violée par son mari, qui la viole même (dans un second flash back terrible) à côté de sa mère (!), quand à une autre, elle jette son bébé dans des toilettes, la même s’est auto-mutilée au niveau du ventre et des seins… : ces scènes sont vraiment gerbantes. Mais elles permettent de nous faire comprendre comment elles ont perdues la raison. Heureusement, George Briggs arrive dans le champ et avec lui, c’est bien plus léger : il a un sale caractère mais se montre plutôt passif.
La route est longue, dix semaines de voyage pendant lesquels Mary Bee et George vont s’apprivoiser, les trois femmes qui sont pratiquement mutiques (et incarnées par des actrices assez peu connues) restent en arrière plan. Sur leur route : ils vont leur arriver peu de malheurs
, ainsi l’une va s’enfuir mais George la rattrapera, ils vont croiser des indiens que George fera fuir et par moments, il ne se passe strictement rien. Les personnages discutent, font un feu, nous avons des plans sur le désert (à un moment Mary Bee se perd seule en cheval dans le désert).
Ce qui fait que le temps paraît vraiment long mais l’attachement entre les deux personnages est de plus en plus explicite bien qu’aucun d’entre eux ne le montre.
Et justement assez étrangement, George ne cherche jamais à profiter des quatre femmes avec qui il est en compagnie : il est là juste pour toucher son argent, hors de question de toucher les femmes et même il les défend et éprouve de plus en plus de compassion à leur égard : pourquoi sont-elles devenues ainsi ? De ce fait « The homesman » est clairement une œuvre féministe : George est le Seul homme qui ferait un pont entre les différents personnages. Excepté les maris aimants de deux des épouses, maris incarnés par Jesse Plemons et William Fichtner, excellents, très peu d’hommes apparaissent sous un jour positif, George giflera même le mari violeur.
« The homesman » est aussi la rédemption d’un homme ayant un regard pessimiste et provocateur sur le monde et croyant de nouveau en la vie grâce à ses bonnes actions.
Le casting de ce fait, même pour des rôles très courts, à de quoi faire : Hilary Swank est charismatique, imposante, droite et émouvante, Tommy Lee Jones est vraiment excellent, intense, hyper-expressif, barbu, visage marqué, quasiment toutes les expressions de son visage passent par ses yeux, qui selon le moment, se font espiègles et à la fin, hyper-émouvants : même lorsqu’il ne disait rien, il me serrait le cœur avec son regard.
Il offre une performance vraiment intense, de plus en plus subtile au fur et à mesure du récit.
En plus d’autres acteurs déjà cités, il y a John Lithgow très bien en pasteur, Barry Corbin impeccable en fabricant de carriole, James Spader déjanté avec perruque dans le rôle d’un hôtelier qui refuse d’ailleurs George et les femmes, Meryl Streep, parfaite pour son rôle (trop court) de femme du pasteur et Hailee Steinfeld en jeune serveuse que prend en affection George, est parfaite elle aussi. En résumé : on vire les scènes de viol, on enlève quelques scènes qui ne servent à rien, et une partie des références à Dieu (parce que c’est lourdingue quand même) et le film frise la perfection.
Mais ce que je retiendrais surtout, c’est la performance de Tommy Lee Jones, vraiment marquante, tellement émouvante.