Le palmarès du festival de Cannes s’est dévoilé samedi dernier, avec pour la palme d’or Winter Sleep de Nuri Bilge Ceylan. Il y en a eu pour tous les goûts, et Jean-Luc Godard a même eut le prix du Jury. Mais parmi les grands absents de ces récompenses, il y a The Homesman, le deuxième film de Tommy Lee Jones, sortie en salle la semaine dernière, alors que son précédent film, Trois Enterrements, avait obtenu le prix du meilleur acteur et celui du meilleur scénariste en 2005. Le jury aurait-il été déçu par ce western d’une noirceur fascinante ?
En 1854, on suit le voyage de Mary Bee Cuddy, interprétée par Hilary Swank, une femme célibataire de 35 ans à travers le désert du Nevada. Elle doit effectuer un trajet de cinq semaines pour amener trois femmes devenus folles à un institut psychiatrique. Elle est accompagnée par George Bings, un solitaire joué par Tommy Lee Jones himself. Se déroulant comme un road-movie, le film nous plonge corps et âme dans l’Ouest sauvage, avec de superbes décors naturels donnant des frissons. La dureté du mode de vie au Nevada à cette époque est montrée dans les moindres détails, au point qu’on se demande ce qui passait par la tête de ceux voulait tenter leur chance dans l’Ouest.
Mais le film décrit aussi la condition de la femme dans cet environnement hostile, et montre trois cas extrêmes où des femmes basculent progressivement vers la folie, dans des passages qui pourraient presque tendre vers le film d’épouvante. Effrayant. D’ailleurs, le film est pourvu d’un ton résolument pessimiste, et l’on voit rarement un sourire sur le visage des personnages, entre un Tommy Lee Jones impassible et flegmatique et Hilary Swank, sèche et autoritaire. Dans la mise en scène, le réalisateur prend très souvent du recul par rapport aux acteurs, pour laisser plus de place aux décors, un peu à la manière de John Ford. Et pour couronner le tout, on a même droit à une situation cocasse avec Tim Blake Nelson, méconnaissable. Sans oublier un règlement de compte quasi gratuit, qui en choquera plus d’un.
Distillant l’espoir par petite touche au milieu du drame, ce western d’un réalisme captivant, avec une ambiance visuelle remarquable et des acteurs criant de vérité passionne de bout en bout. A noter une dimension féministe touchante toute à l’honneur de notre cher Tommy. Seul bémol : des musiques trop peu nombreuses, surtout pour un western.