Un titre obscur pour un film qui l'est encore plus

"Skinamarink".Si ce titre ne vous évoque rien, c'est normal. Il semblerait ne trouver aucun sens, hormis dans une énigmatique chanson enfantine canadienne (nationalité du réalisateur par ailleurs). Si le titre vous paraît abscons, vous n'avez pas encore regardé métrage lui-même. C'est un concentré de plans plus ou moins obscurs (plutôt plus que moins) de l'intérieur d'une maison à l'aide d'une série de caméras basse résolution, à la manière d'un found footage (Blair Witch Project ou Paranormal Activity). Ces plans nous permettent de nous immerger dans les ténèbres les plus totales afin de suivre le réveil en pleine nuit de deux enfants, Kaylee (l'aînée) et Kévin (le cadet), qui ne parviennent plus à trouver leurs parents, qui semblent avoir disparus, et notent également le déplacement ou l'absence d'objets dans la maison. Le scénario, très simple, est redoutablement efficace. Il s'agit de de nous faire naviguer en plein cauchemar d'enfant (certains plans sont d'ailleurs filmés à leur hauteur en vue subjective), avec toute la terreur et l'incongruité d'une telle situation. En effet, on ne saurait dire si tout cela est réel ou non tant le montage elliptique, les plans qui se suivent ne semblant parfois n'avoir ni queue ni tête, et l'atmosphère étrange diluent le tout dans une cauchemar éveillé. Et sur ce point le film est plutôt réussi. Car ce cauchemar est aussi habité par une entité. Entité demeurant exclusivement dans le noir et dont le déroulement des évènements semblent agir selon son bon vouloir. Certaines scènes sont par exemple assez dérangeantes, voire horrifiques, comme la scène dans la chambre des parents, la scène du sous-sol ou les différentes dialogues qu'entretiennent les enfants avec ladite entité.

Cependant, le problème de ce film est qu'il est à la base un court-métrage issu des nouvelles plateformes d'expressions telles que Youtube ou Reddit, d'où émergent de nouvelles formes d'expressions artistiques (ARG (Alternate Reality Game), Creepy Pasta (légendes urbaines du net), et j'en passe). Ainsi, le format habituel est plutôt court, pour être efficace. Sa transposition en long-métrage (1h40 quand même), entraîne fatalement au gros problème de ce genre de film : le remplissage. Je prends pour exemple son illustre aîné, "Lights out", un court-métrage horrifique de quelques minutes diablement efficace, qui, lorsque étiré sur un long-métrage d'1h20, peine à convaincre avec un scénario ridicule. Ici, le scénario, presque inexistement pour être honnête, n'est pas le problème. Mais c'est le remplissage ! En effet, je l'ai pas abordé jusqu'ici, mais si le film est si difficile à regarder, c'est qu'il est composé au 3/4 (et je pèse mes mots) de plans fixes plus ou moins droits, des murs de l'intérieur de la maison. On passe donc près d'une heure du film à contempler le papier peint, des portes ouvertes d'où émanent les ténèbres, le mobilier plutôt restreint, les jouets d'enfants, etc... avec une résolution de caméra tellement basse qu'on peut dire que le pixel tâche. Si quelques plans auraient suffi à nous instiller le sentiment d'inconfort suffisant pour apprécier le film, cette suite ininterrompue de plans muraux est tout bonnement soporifique. Pour être honnête, j'ai dû diviser le temps de visionnage en trois, car au bout d'une demi-heure je m'endormais devant le peu de stimulation que le film me donnait. Et ne voulant rater aucun détail pour comprendre l'intrigue, j'ai dû étaler le visionnage sur trois jours ! Et c'est extrêmement dommage, car le film ne manque pas de qualités, mais se noie par excès de conformisme (pourquoi absolument faire des long-métrages?!). Si le film avait duré 20 ou 30 minutes, ça aurait un chef-d'œuvre.

Neuromantique4
5
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le 20 sept. 2023

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Neuromantique4

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