Antichrist
Alors que la polémique gonflait depuis quelques heures sur la prétendue violence de son film, alimentée par les nombreux claquements de porte lors de la projection officielle au Festival de Cannes...
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le 16 oct. 2018
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Là il faut trier ! Si Lars Von Trier vous a largué depuis sa dépression antéchristique, fuyez ce film qui cumule tous les traits du film triérien post-moderne. Récit découpé en chapitres, voix off sentencieuse et démonstrative, scène de mutilation difficilement soutenable et alors qu’on croyait y échapper, longs plans au ralenti tout droit sorti d’un cours d’histoire de l’art. Par contre, pour peu qu’on soit sensible à son cinéma, The House That Jack Built devient une œuvre fascinante, dense, provocante et dérangeante. Avec le personnage de Jack, le réalisateur signe un autoportrait en réaction à « l’incident » de Cannes 2011. Petit rappel : il avait été déclaré persona non grata suite à une conférence de presse dans laquelle il déclarait sa sympathie pour Adolf Hitler et son goût pour l’architecture d’Albert Speer, tout en cumulant des pirouettes ironiques sur le nazisme. Ce film est, entre autre, une explicitation directe de ses propos. Pendant 2h35, Jack explique à l’acteur qui interpréta Hitler dans La chute (Bruno Ganz) comment l’artiste qu’il est se doit d’être cynique pour garder sa liberté. Difficile de ne pas voir non plus une réaction du réalisateur accusé de misogynie et de harcèlement suite à la vague #metoo lorsque son personnage accumule les cadavres de femmes mutilées devant son objectif, déclarant que l’homme naît coupable et la femme victime. S’il ne fait pas dans la dentelle, le réalisateur questionne la démarche créative sans jamais l’affirmer, sauvant ainsi le film d’un nombrilisme complaisant. Il s’amuse également à parsemer son œuvre d’innombrables références artistiques, de Dante à Glenn Gould, en passant par Blake ou Bosch. Nous avons affaire donc à un film qui ne choisit pas la facilité et n’est pas de exempt de défauts. Néanmoins, à l’heure où le politiquement correct gagne du terrain, la projection d’un tel film sur la croisette est rassurante.
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Créée
le 6 août 2018
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