Aaah, enfin ! Lars nous revient, et en grande forme !


Quatre ans après le génial Nymphomaniac (dont je dois toujours me faire la version intégrale) et sa nympho Joe, place désormais à The house that Jack built et son psychopathe Jack. Chose plaisante, le film reprend la structure en chapitres de Nymphomaniac avec cette articulation autour d'un dialogue entre deux personnages - celui du titre et un interlocuteur mystérieux, à qui le personnage éponyme va raconter des épisodes fameux de sa vie.


Et quels épisodes... Jack nous raconte ici cinq de ses meurtres, chacun illustrant un aspect différent de sa philosophie. Et chacune de ces scènes est bien étirée, histoire de bien faire monter la sauce. On sait pertinemment dès le début que la cible va y passer à un moment, mais le gars s'amuse, il fait durer le truc, il l'embobine ou la terrorise, et on attend le moment où il va enfin passer à l'action, jusqu'à ce qu'il se décide enfin à la massacrer. Et là c'est un festival : coup de cric dans la gueule, étranglement, écrasement en voiture, découpage de nichons à vif, sans oublier cette incroyable chasse d'enfants au fusil (puis le petit exercice de taxidermie avec les corps), j'en passe et des meilleurs. Les scènes de meurtres sont de plus en plus violentes et cruelles, à un tel point qu'elles en deviennent drôles.


D'autant plus que le personnage de Jack prend de plus en plus de risques complètement inconsidérés, et va par exemple jusqu'à retourner plusieurs fois sur les lieux d'un crime à cause de son trouble obsessionnel compulsif pour la propreté, à s'embrouiller volontairement avec un flic alors que le corps de sa victime traîne à deux pas, ou à hurler lui-même à l'aide à la fenêtre avant de massacrer une fille. C'est complètement délirant, et aussi fascinant que drôle.


Et dans le rôle-titre, Matt Dillon est impressionnant de charisme, pour ce qui est assurément l'un des meilleurs rôles de sa carrière.


Et comme dans Nymphomaniac, l'idée du film construit sur un long dialogue entre Jack et Verge (Bruno Ganz, impeccable) permet à Lars von Trier d'opérer un certain nombre de digressions toutes aussi savoureuses les unes que les autres, allant de la culture du raisin à la dimension artistique des génocides et le statut d'artiste de dictateurs comme Hitler - et celle-là, fallait oser la faire, quand on a le passif de Lars von Trier sur le sujet. En fait, Lars ne se refuse plus rien, et va même jusqu'à citer sa propre filmographie (si c'est pas génial, de revoir le plan final de Melancholia ou Charlotte Gainsbourg se faire cravacher le derche, franchement ?).


Bref, c'est fantastique.

ServalReturns
8
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le 2 oct. 2018

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