Lumière noire sur un matériau nihiliste.

Méditant sur le processus artistique et l’architecture du mal, Lars von Trier fait de la lumière noire le matériau nihiliste de son œuvre.

Un film dense! Réflexion philosophique sur l’art, sur la perfection forcément impossible à trouver, confession sur le processus de création, portrait en « abyme » de LVT lui-même, à travers ce personnage de serial killer misanthrope, architecte et photographe qui en explorant tous les tabous , tend à hausser le crime à la hauteur du chef d’œuvre parfait. C’est autant iconoclaste, ironique , provocant que mélancolique…J’ai utilisé les termes de lumière noire car c’est ce qu’ils m’évoquent ( on parle du soleil noir de la mélancolie dans la littérature) tout comme le négatif en photographie , révélateur de la part sombre de la lumière. On peut penser que LVT s’est inspiré de sa propre dépression mélancolie, de ses angoisses , ses manies obsessionnelles, pour trouver l’inspiration. Certes un épilogue très nietzschéen, grandiose puisque Jack dans sa certitude de toute puissance veut défier Dieu …peut être aussi est ce une tentative de trouver une renaissance par un travail du négatif dans ses images de chute , de « catabase » et de châtiment.

Il y a des scènes magnifiques, d’une grande beauté plastique avec des tableaux suspendus de Bosch ou d’Eugène Delacroix comme cette barque allant vers les enfers… « The House that Jack built » est celui d’une très ancienne comptine britannique qui se construit par accumulation de phrases , ajoutant à chaque vers un élément, aboutissant à un rythme un peu hypnotique…his is the House that Jack built.

This is the Malt,

That lay in the House that Jack built.

This is the Rat,

That ate the Malt,

That lay in the House that Jack built.

This is the Cat,

That killed the Rat,

That ate the Malt, etc etc ........

un peu comme les meurtres qui deviennent le fruit d’élaborations à chaque fois plus complexes.


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le 24 juil. 2024

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cathVK44

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