Un final en dent de scies
Premier film que je découvre de ce cinéaste qu'est Im Sang-soo. Sorti il y a trois ans et présenté à l'époque à Cannes, The Housemaid est le remake du film, La servante, datant de 1960. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il s'agit d'une version plutôt réussie même si elle n'est pas dénuée de certains défauts.
Premier point extrêmement positif est le casting, vraiment impeccable que ce soit de la plus vieille actrice à la plus jeune. De ce fait, le cinéaste peut vraiment s'appuyer sur une belle brochette d'acteurs. On constatera aussi que Im Sang-soo est plutôt doué derrière une caméra avec des plans extrêmement soigné et calculé dans le moindre détail comme pour la photographie vraiment superbe.
Le plus important demeure évidemment la façon dont le metteur en scène allait traiter le sujet de l'adultère. Outre les quelques scènes de sexe (mais il y en a finalement très peu), on constate surtout une belle tension sexuelle de la part de l'homme de la maison, se baladant à moitié nu, verre et bouteille de vin à la main pour trouver la nourrice. Mais l'oeuvre ne prend pas en compte le thème de l'adultère.
En effet, le film commence par une jeune femme au bord d'un balcon, prête à se suicider. Aux alentours, la vie suit son cours avec les différentes personnes vaquant à leur traditionnelle occupation ou à leur travail. Cette introduction est particulièrement bien foutue car à la fois réaliste, mais en même temps en possédant comme une impression d'être irréelle. A travers cette séquence, le personnage de la servante nous est présentée.
Véritable étude de moeurs d'une société où se côtoient les fortunées et les moins bien lotis, l'oeuvre attaque aussi les notions de couple et de la vie quotidienne. On a affaire finalement à un semblant de couple en ce qui concerne le mari et l'épouse. L'homme ne recherche qu'à avoir des enfants, tout comme cette femme qui se dit qu'après les jumeaux elle en voudrait encore. On assure sa descendance, mais en même temps ses arrières.
La servante va donc venir gâcher tout cela ou être un peu le grain de sable d'une mécanique bien huilée par l'épouse et sa mère. Tombant enceinte, elles vont donc tenter de se débarrasser, de gré ou de force de la servante et d'éliminer cet enfant, pour ne pas que cela fasse d'histoires.
Le cinéaste fonctionne sur les symboles, peut-être parfois un peu trop. Je trouve aussi que les cinq dernières minutes contiennent à la fois une séquence assez ridicule et sombrant dans le n'importe quoi et un final extrêmement intéressant. Le ridicule concerne la servante elle-même et le choix qu'elle fait pour "se venger" de ce que cette famille à pu commettre. Le final excellent concerne la petite fille de cette même famille qui, lors de son anniversaire, avance pour se mettre devant ses parents et les nouvelles servantes. Le symbole est assez fort et représente pour moi une innocence conservée par cet enfant, qui semble vouloir dire que sentimentalement et psychologiquement, elle ne fait pas partie du même monde qu'eux. Un monde où tout repose sur des faux-semblants et du chiqué.
The Housemaid est donc un film extrêmement intéressant, mais quelque peu gâché par son final ou encore une impression que le cinéaste n'a pas travaillé assez le côté tension sexuelle qu'il pouvait exister entre la servante et le mari.