A l’image de l’employée qui investit les lieux prestigieux de son nouvel emploi, on se laisse rapidement prendre par l’atmosphère classieuse de The Housemaid. Cadrages superbes comme seuls les asiatiques savent les gérer dans l’architecture épurée qu’est la leur, composition des plans mettant en valeur les horizontales d’une demeure démesurée, plans obliques, plongées écrasantes ou contre-plongées fascinantes concourent à hypnotiser le spectateur en guise de teasing, avant de lui asséner une dose d’érotisme assez torride pour s’assurer de sa pleine et entière attention. La maitresse est fraiche et jeune, le maitre classieux, le vin rouge et la baignoire au design impeccable. On ne s’étonne guère de voir tout cela évoluer vers des ébats qui cadrent parfaitement avec ce catalogue de luxe sur papier glacé, en attendant de voir l’ébauche d’une véritable intrigue se mettre en place.
Force est de constater que c’est là que le bât blesse. Si le rapport ambigu entre maitre et esclave fonctionne un temps, les ressorts narratifs font basculer la dynamique générale dans un soap assez indigeste, à grands renfort de grossesses, d’accidents, de belle-mère machiavélique et de jalousie larvée. On se désintéresse assez rapidement de ces ficelles grossières, avec le regret de constater que l’esthétique imparable des débuts est toujours à leur service.
Certes, le raffinement coréen reste de mise, (décidément, après Locataires, il est intéressant de constater des constances dans leurs perversions, notamment via leur utilisation des clubs de golf…) et l’ensemble reste honorable, mais la lassitude finit tout de même par l’emporter, n’en déplaise au final grotesque et poseur qui joue la carte de l’image choc pour continuer à mériter son statut de film audacieux, à savoir une pendaison/torche humaine pour le moins inefficace.
Savoir filmer est une chose ; avoir quelque chose à dire une autre.