Dans ce premier film de Stephen Karam, on assiste à un dîner de famille, à l'occasion de Thanksgiving, à l'image de toutes ces personnes qui se rassemblent dans l'espoir de passer un moment chaleureux, réconfortant, mais gardent en tête leurs soucis qui les rongent et finissent par grignoter l'ensemble de la tablée jusqu'à se confronter à ceux des autres. S’ensuivent alors ces réflexions passive agressives, ces accumulations de non-dits qui éclatent au grand jour et affichent les désaccords envers les passions et choix de vie, cette part d'ombre que l'on cache à ses proches qu'on remercie pourtant de toujours être présents. C'est une soirée assez triste dans son déroulé, mais qui n'a finalement rien à apporter ; le genre de drame social américain voyeuriste qui se contente d'afficher, sans autre but. Les éclats de voix s'échangent avec les éclats de rire dans cette transposition réussie d'une pièce théâtrale où le réalisateur dévoile une réelle réflexion dans la mise en scène. Les acteurs sont authentiques, et les nombreux plans sinistres sur l'appartement décrépit, avec les bruitages amplifiés du voisinage en toile de fond, produisent un huis-clos oppressant, mais aux personnages banals et inintéressants.