Aaaaahhhh !
C'est que je suis en colère !
Figurez-vous que cet après-midi, je suis allé au cinéma. Ils avaient fait un lâcher de connards ! C'était de l'élevage dîtes donc !
Attendez, je pense que vous connaissez mon esprit sportif : je n'ai même pas sorti mon fusil de l'étui ! J'ai tout de suite vu que c'était de l'élevage ! Les autres chasseurs leur ont tiré au-dessus de la tête qu'ils ne se sauvaient même pas ! Ils restaient tous là ! Au point qu'Emma Roberts elle ne fait pas plus de sept minutes à l'écran. Parce qu'elle ne voyait même pas qu'elle allait se faire tirer !
Puis y'a un truc qui ne trompe pas : ça puait le beauf de droite (pléonasme...) ! Le redneck qui vote pour le vilain TruTrump comme il disent aux USA... Les connards de facho comme on dit en France quand on se mêle de se foutre de leur gueule alors que ça nous concerne même pas ! Ça te casse les couilles avec le deuxième amendement, ça se cramponne à leurs pétards et ça sait même pas lutter pour survivre !
Un fantasme ultime de facho de gauche quoi : dézinguer tous ceux qu'il vise comme le pas bien pour mieux déverser sur le monde, et le bas peuple idiot, son élitisme progressiste bien pensant et binaire !
Et l'on craint que The Hunt ne vire à l'un de ses énièmes pensums lourdingues, de ceux qui vous disent de quel côté doit pencher votre coeur et votre (bonne) conscience politique, histoire de mettre en novembre, même si cela ne nous concerne pas, le bon bulletin démocrate dans l'urne.
Sauf que Craig Zobel, à l'inverse de tous ces petits dictateurs consensuels arrogants ou ces films dits "woke" qui t'assènent leur prémâché intellectuel bien propre sur lui, ne vise qu'à livrer une bonne petite série B énergique, burnée et frondeuse, comme avait pu le faire Jordan Peel avec son Get Out.
Pas que Zobel soit plus intelligent qu'un autre, hein, faut pas déconner non plus. Il tire simplement sur tout ce qui bouge, la plupart du temps avec malice et acuité. Les éclats de rire émaillent The Hunt à intervalle régulier, tandis que le réalisateur se contente de jouer avec les stéréotypes et les idées préconçues caractérisant l'éventail politique américain pour mieux renvoyer démocrates et républicains dos à dos.
Ainsi, la bêtise ultime de l'un renvoie à l'arrogance intellectuelle et au mépris de classe de l'autre. Mais tous sont animés du même péché : le simplisme dangereux de la pensée, menant à tous les amalgames, à l'absence de recul et d'analyse de l'information ou, plus grave, du raisonnement.
Les alibis plus ou moins altruistes ou nobles, les engagement plus ou moins sincères (plutôt moins que plus) ne sont donc que poudre aux yeux, hypocrisie, voire vengeance, expression ultime de la loi du talion qui, pourtant, épouvante le bien pensant de gauche à sa seule évocation dans un film classé unilatéralement, dans un systématisme affolant, de droite.
Le film ne fait donc que tendre un miroir de toutes les crispations, tensions et raidissements d'une société où tout ne peut être envisagé que comme blanc ou noir, dans un affrontement à l'image du duel final, aussi virtuose que l'affrontement entre la Mariée et Vernita Green dans Kill Bill : Volume I. Et aussi du climat politique et culturel nauséabond, faisant preuve d'une efficacité vacharde qui prend un malin plaisir à appuyer là où ça fait mal. Tout le monde en prend pour son grade. Il fait le constat de la baisse alarmante d'un niveau général qui, couplé à l'avènement du complotisme et de la méfiance envers l'état, n'aboutit qu'à un bordel même pas joyeux ni réjouissant. Au contraire d'un film frondeur, limite anar, rafraîchissant dans un contexte corseté où tout, même les choses les plus évidentes, est sujet à polémique lamentable et bas de plafond.
The Hunt réjouit. The Hunt enchante, en constituant un bol d'air frais nécessaire sur la dérive idéologique d'un politiquement correct de plus en plus invasif et liberticide. Et un doigt d'honneur adressé à tout cela, dans un ton pas très sérieux, mais avec une vision du monde grave et désenchantée.
Rire des choses les plus sérieuses avant d'avoir, malheureusement, à en pleurer : voilà un crédo qui me botte et que je partage avec l'ami Craig Zobel.
T'as tout bon mec !
Behind_the_Mask, connard laqué.